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La Fin des bonnes manières
Francesca Marciano   La Fin des bonnes manières
Belfond 2009 /  20 € - 131 ffr. / 289 pages
ISBN : 978-2-7144-4477-6
FORMAT : 14cm x 23cm

Traduction d'Irène Offermans.
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La jeune narratrice, Maria, est photographe. Sa fragilité émotionnelle est difficilement compatible avec les situations de violence que lui impose son métier de photojournaliste. Pour cette raison, elle a fait le choix de mettre un terme qu’elle pense définitif aux reportages dans des pays en guerre. Depuis, elle s’amuse à photographier des plats cuisinés. Entre desserts aux couleurs sensuelles et assiettes façon haute gastronomie, le temps passe dans une fausse légèreté. Il manque quelque chose à Maria, qui ressent comme une frustration indéterminée. Quand son agent londonien, Pierre, la supplie de reprendre ses activités de reporter, elle rejette en bloc, renonçant dans un premier temps à une légitimité professionnelle qui lui fait pourtant défaut. Un sursaut de fierté impulse sa décision. Elle ira à Kaboul. Elle aura le courage d’affronter ses peurs. Elle photographiera le pays en ruines, les afghanes que le monde entier regarde avec pitié.

Elle prépare son sac avec frénésie, l’angoisse tenaillant ses tripes. Auparavant, elle doit suivre un stage intitulé «Entraînement en milieu hostile». Cette semaine de mise à l’épreuve cristallise ses peurs tout en lui permettant de commencer un travail introspectif. L'un des objets de ce roman se trouve dans le traitement catharsique de la condition de la femme, abordée à travers l’intimité psychologique de la narratrice et les difficultés que rencontrent les femmes afghanes. Un abysse sépare la femme, libre, autonome des pays industrialisés et celle emprisonnée dans les carcans culturels et extrémistes imposés par les talibans.

Le séjour de Maria et de la célèbre journaliste Imo Glass, que rien ne semble perturber, est intense dans un pays où il est dangereux de se déplacer, où la présence des pays occidentaux (militaires, ONG….) est ambivalente dans les conséquences que cette sur-représentation engendre pour le peuple local. L’arrogance d’Imo n’a d’équivalent que la pudeur maladive de Maria. Le duo de femmes semble voué à l’échec tant leurs personnalités sont opposées et leurs approches du reportage, différentes. L’immersion dans ce pays depuis trop longtemps envahi par des assaillants successifs, et en ruines, sert de miroir au délabrement intérieur de Maria. Accéder aux femmes afghanes s’avère complexe et ne peut se faire que lorsque les hommes l’acceptent. Cette barrière masculine en cache d’autres, la peur de la délation, de la punition, la peur du regard étranger, les incompréhensions culturelles. Les femmes elles-mêmes disent non. Dans ce refus inattendu, on peut aussi lire l’occasion unique que ces femmes ont de se positionner en tant qu’individus. Pour une fois, elles peuvent enfin dire non, même si les intentions des femmes européennes sont de les défendre.

La serviabilité et la détresse d’Hanif, le guide de Maria et d’Imo, par ailleurs présentateur vedette de la télévision locale, ne fait qu’illustrer de façon plus précise l’essoufflement de l’Afghanistan. Et pourtant, il y a de la vie, de l’obstination, de l’opiniâtreté dans ce peuple. Son abnégation, sa résistance combative sont les caractéristiques que Maria capte au plus profond d’elle-même, et qui vont ainsi, paradoxalement, impulser la reconstruction de son identité dans une vie personnelle dévastée et un parcours professionnel en sursis.

Un témoignage intéressant et, semble-t-il, autobiographique.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 11/03/2009 )
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