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Pileuse épopée
Tahsin Yücel   La Moustache
Actes Sud - Lettres turques 2009 /  19 € - 124.45 ffr. / 216 pages
ISBN : 978-2-7427-8827-9
FORMAT : 11,5cm x 21,5cm

Traduction de Noémi Cingoz
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Aşik Hasreti, le poète du village, n'arriva jamais à écrire l'épopée de Sabrenoir, la moustache de Cumali. Pourtant, un jour que sa fille lui demandait instamment d'en raconter, plus prosaïquement, l'histoire, il le fit sans difficulté. S'apercevant qu'il narrait avec aisance ce qu'il ne pouvait écrire, il déclara, péremptoire, à la page 110 de ce beau texte : «un conte, c'est une chose, un chant, c'en est une autre».

La Moustache est donc un conte, ou une épopée ratée. Un conte turc. Ou plutôt, un roman anatolien qui joue au billard avec la tradition des contes orientaux, avec Maupassant, avec – commentaire à l'appui – Shakespeare, et avec les nouvelles réalistes-fantastiques d'Amérique du sud, le tout avec un cigare à la bouche, une tasse de café sur la table basse, et un verre de raki à la main. Voilà, peut-être, ce qu'est l'excellent La Moustache de Tahsin Yücel, publié en turc en 1995, et – «Saison de la Turquie» aidant – judicieusement traduit en français en 2009, chez Actes Sud (l'auteur est d'ailleurs un important représentant de la littérature française en Turquie, qu'il traduit, et enseigne à l'Université).

L'histoire est celle de trois protagonistes, un héritier, une moustache, un barbier, entourés, en arrière-plan, par une série de personnages secondaires solidement implantés dans le récit : la femme, le meilleur ami, le père, le poète, la libertine, le sous-préfet, l'autre barbier du village...

Cumali rentre du service militaire avec une forte pilosité. Son barbier est absent. Il se rend chez son concurrent, chez Ziya, le barbier dont toute la jeunesse s'est entiché. Contre toute attente, il en ressort après s'être laissé convaincre de porter la moustache. Le roman commence et on apprend très vite que, comme il est rappelé à la fin, «ce fut un pas important pour l'humanité que la moustache et la barbe fussent considérées comme deux éléments distincts, et un pas de géant quand il fut admis qu'on puisse se raser la barbe tout en laissant pousser la moustache» (p.175). Très vite, tout le village – et, au-delà, la nation turque – doit admettre que la moustache de Cumali est exceptionnelle. Très vite, le lecteur sent qu'elle est un peu inquiétante.

La Moustache est une héroïne nationale, elle bouscule l'Histoire : «Les hommes voyaient en Cumali, avec sa moustache, sa haute taille et sa tenue, une représentation, surgissant telle une météorite, de leur tréfonds commun, d'un avenir qu'ils avaient rêvé mirifique» (p.67)

La Moustache parle au Barbier :

«- Ecoute ce que je te raconte, car moi je sais des choses.
Quelles choses ?
Celles qui concernent la moustache. Je comprends la langue de la moustache.
Cumali soupira :
- Oui, tu la comprends. Sur ce chapitre, je n'ai rien à dire»


La Moustache pose des problèmes de couple : «Par ailleurs, Bedriye abla avait beau lancer des appels, il y avait selon lui des lieux dans le corps d'une femme que la moustache ne devait pas approcher : sachant qu'il leur arrivait de s'embrasser, il était possible que sa moustache touche sa bouche, son nez, ses joues et même sa gorge, il lui arrivait même de temps en temps de descendre jusqu'aux seins ; mais pas jusqu'au ventre, et surtout, jamais au-dessous du ventre : une moustache restait une moustache» (p.69).

La Moustache vole la nuit. Elle concourt pour un prix national. Elle n'aime pas les cigarettes, qui la font jaunir.

La Moustache se lit d'une traite.


David-Jonathan Benrubi
( Mis en ligne le 27/01/2010 )
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