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Moi Pierre Tarnac, critique sans tribune
Richard Millet   Tarnac
Gallimard - L'Arpenteur 2010 /  10 € - 65.5 ffr. / 82 pages
ISBN : 978-2-07-013036-8
FORMAT : 11,7cm x 18,5cm
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Pierre Tarnac (encore un double de Richard Millet), originaire de Siom dans le haut Limousin, arrive fraîchement sur Paris pour se faire quitter par sa compagne du moment. Il se retrouve seul et plus abandonné que n’importe qui dans une capitale hostile avant d’échouer par hasard à un vernissage, chose fréquente dans certains quartiers de la ville, dans lequel il parvient non sans mal à s'intégrer pour, au final, s’y inclure pleinement en jouant un rôle factice de critique d’art auprès de l’intelligentsia bobo parisienne actuelle ! Voici le départ d’un récit où Millet mêle ses propres obsessions avec un goût nouveau pour le songe.

Le personnage rencontre Viviane qui le prend sous son aile et parcourt quelques régions françaises pour se montrer aux vernissages d’artistes ou de créateurs. Puis ce sera au tour de Claudia de l’accompagner un temps, enfin Constance qu’il ne possèdera qu’en rêve éveillé… Millet conte ainsi la solitude d’un homme entouré de femmes qui lui révèleront chacune leur impossibilité. Classique !

Plus que sa personne, son aura, sa fonction véritable (mais en a-t-il une ?), voire son visage, c’est son nom, TARNAC (en définitive, le nom d’une commune rurale que l’on rattache au Limousin mais qui reste en fait parfaitement isolée.), que les gens retiennent. «Tarnac viendra-t-il, Tarnac est-il là ?, Que dira Tarnac ?», voici les questions qui se posent autour de sa personne. Ce qui arrange notre personnage qui peut du coup se faufiler ici et là, à la rencontre de femmes inaccessibles souvent, donc de sa solitude, toujours plus envahissante et perturbante.

Histoire d’une imposture basée sur une usurpation, une célébrité factice, certes, mais là n’est pas le propos, car chez Millet, outre le travail sur la langue qui lui tient à cœur, le langage qui doit à la fois transmettre et transcender, c’est le récit d’un homme seul qui tranche. Un homme élevé parmi ses sœurs à Siom, la bourgade autobiographiquo-romanesque de Millet, puis prisonnier d’une solitude où la femme, donc la beauté physique et esthétique, reste l’obsession majeure. Et qui d’autre qu’un être rejeté par le sexe faible peut en parler aussi bien ? Millet fait partie de ces écrivains tristes et rigoureux qui donnent à voir, chez qui chaque réflexion met un indice supplémentaire sur les questions humaines. Et quand il décrit son visage boursouflé, ni laid, ni beau, attendre le baiser de celle qui fait semblant de ne pas appréhender son attente, le lecteur comprend le drame de cet homme rongé par le désir que la réalité ne veut entendre. D’où un récit qui oscille entre narration et fantasmes.

Tarnac finira par dépasser Pierre, et les femmes coucheront avec sa représentation, cette simple accolade qui réconcilie les idées et les désirs, l’image et le corps. Touche banale mais forte qui pousse les femmes à épouser un nom plutôt qu’un visage, aussi boursouflé soit-il que celui du personnage de Pierre qui s’auto-définira comme un mort vivant se voyant coucher avec quelques spectres qu’il finira par ne plus reconnaitre.

Claudia finira par composer son buste en granit (roche érosive, bien sûr) comme pour mieux s’appuyer sur l’inanité de l’homme et la puissance de son songe. Triste mausolée qui sert de souvenir à ce récit plutôt convaincant même si le lecteur, habitué à Millet et à son élégance littéraire, peut ressentir la curieuse impression qu'il a été vite conçu ! Un héros très discret donc, à lire parmi les nombreuses parutions de cet auteur prolifique et fascinant.


Henri-Georges Maignan
( Mis en ligne le 22/10/2010 )
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