| Cees Nooteboom La Nuit viennent les renards Actes Sud 2011 / 18 € - 117.9 ffr. / 157 pages ISBN : 978-2-7427-9515-4 FORMAT : 11,5cm x 21,7cm
Traduction de Philippe Noble Imprimer
Cees Nooteboom (né en 1933) fait partie des écrivains majeurs de notre époque. Les thèmes de prédilection de ce Néerlandais vivant entre les Pays-Bas, LAllemagne et LEspagne sont le voyage, lobsession de la mort, la culture japonaise et le souvenir profond. Et lon néchappe pas à cela dans La Nuit viennent les renards, recueil de huit nouvelles très brèves aux relents dabsence, de mélancolie et de deuil.
Dans ces nouvelles à la fois obscures, nostalgiques et non sans liens entre elles, un amant revient sur les lieux dun amour lointain, un couple doit faire face à une mort accidentelle, une photo de famille rappelle lexistence puis la disparition dun homme singulier, une femme prend le mari de son amie décédée, un homme meurt brutalement, laissant le soin à sa femme de méditer sur son comportement, une femme aimée du narrateur disparait dans les flammes puis ressurgit sous forme de monologue pour exprimer et son absence et son rapport aux autres ; enfin, une autre femme lutte avec les forces de la nature.
Lobsession de la mort et du souvenir reste donc au centre de ce nouveau recueil. Mais chez Nooteboom, lallusion, le détail descriptif empêchent la tonalité de devenir trop déprimante. On est, assez souvent, dans le figuratif ainsi que dans la touche impressionniste. Il donne à voir ce que ressent tel ou tel personnage.
On peut lui reprocher de temps à autre dappuyer sur une mélancolie quelque peu fabriquée. Mais Nooteboom, écrivain subtil, appelle à lui le sens de la littérature, sa fonction, qui dun côté permet dappréhender le monde, ici celui des vivants endeuillés puis des morts esseulés, mais aussi de sadresser à un inconnu, un lecteur sensible, afin de lui glisser quelques confessions touchantes et nostalgiques sur un amour défunt, un personnage disparu, un temps révolu, un secret de famille. Qui nest pas touché par le souvenir dun amour lointain, ravivé en recueillant danciens indices sur le lieu du péché ? Qui ne sinterroge pas sur lendroit où vont les morts et qui les font revivre en pensées ? Noteboom, lui, en faisant sien cet axe central de réflexion, plonge sous la fosse, mais noublie pas de regarder vers le ciel.
Ces huit nouvelles, au style fluide mais brusqué par quelques phrases nominales tout comme la vie lest de fractures brutales marquent peut-être laboutissement dune uvre. A moins quelles n'aient été retrouvées dans un tiroir, et mises ici côte à côte pour illustrer et appuyer luvre déjà existante.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 14/02/2011 ) Imprimer | | |