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Fils prodigue ?
Joey Goebel   Blue Gene
10/18 2013 /  9,10 € - 59.61 ffr. / 619 pages
ISBN : 978-2-264-05829-4
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en mai 2011 (Éditions Héloïse d’Ormesson)

Samuel Sjez (Traducteur)

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Bashford, USA : le Dallas de la cigarette… et ici, les Ewing s’appellent Mapother. Il y a là Henry, le patriarche, richissime descendant de richissimes industriels du tabac, le PDG de la marque Westway, une éminence, un cador, le style smart et sec… A ses côtés, sa femme, Elisabeth, verserait plutôt dans une religiosité un peu exacerbée, voire un mysticisme discret. Et puis il y a la génération suivante, John, le fils aîné – costumes stricts, Harvard, tennis, golf – le bras droit de papa, le successeur, qui forme un si beau couple avec la très discrète Abby, pour élever le si délicieux Arthur… Et enfin, il y a Eugene, «Blue Gene» pour les intimes et tout le monde en fait… le vilain petit canard !

Blue Gene a choisi une voie un peu différente : coiffé en mulet (longs cheveux sur la nuque, courts ailleurs), nanti d’une moustache proéminente (ne dites surtout pas «à la village people» !), à peu près autant que son ventre de buveur de bière, Eugène, 27 ans, suit un parcours chaotique, qui l’a mené d’un petit job au Wall Mart local, à un étal de vendeur au marché aux puces. Dépressif chronique, amateur de monster trucks et de combats de catch, la casquette vissée sur le crâne, il figure plutôt gaillardement le type même du redneck, le «bouseux» américain, patriote bruyant, fan de bière et d’armes à feu, virilement homophobe et raciste… un cliché ambulant, en froid avec ses géniteurs, et qui vit dans une caravane, ignorant ses 100 millions de dollars d’héritage.

Tout ce petit monde pourrait gentiment continuer de s’ignorer si John, poussé par papa, ne décidait de briguer un siège de sénateur : mais il faut toucher, convaincre les cols bleus, la classe laborieuse, les ouvriers de l’entreprise familiale, les rednecks, le peuple quoi… Qui donc serait le plus à même de servir la campagne électorale, d’incarner «cette Amérique là» ? Et voilà Blue Gene et son caractère de cochon, mais aussi son indéniable facilité à nouer des contacts, voilà Blue Gene intégré dans la campagne électorale familiale, en charge du vote «populaire». Mais la politique est un monde cruel, qui détruit l’amour, les illusions, les couples, les familles même… Et la campagne électorale va provoquer un séisme local et familial qui va faire voler en éclats le petit monde bien compartimenté des Mapother…

Plongée profonde dans l’Amérique profonde : Joey Goebel, un peu à la manière d’un John Irving, peint dans ce roman bien écrit, haletant même, et bien tourné, une fresque familiale délirante, qui voit cohabiter une simili famille Bush (Henry, le père, est un industriel froid et calculateur, tandis que le fils, John, plus simplet, dissimule derrière son complet veston et son christianisme exalté, un passé d’alcoolique) et un redneck de grand style. Car loin d’être un personnage attachant, Blue Gene est un beauf’ en devenir, un plouc qui s’assume et qui découvre, peu à peu, l’envers du décor et celui du rêve américains.

Certes, il y a là un peu de caricature, de clichés… mais tout semble très vraisemblable, voire très réaliste. Détournant avec cynisme les slogans du rêve américain, Joey Goebel montre la réalité du libéralisme à l’américaine, du petit peuple partagé entre un chauvinisme agressif et les galères de la vie quotidienne, entre chômage, déprime et addictions diverses. Il explore également, avec humour, les méandres de la conscience politique américaine, passant de Jackie Stepchild, la chanteuse punk «gauchiste», au très réac Blue Gene, républicain à la sauce «Tea party». On croise ainsi une galerie de personnages, comme une version romancée de l’excellent reportage de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite (Agone).

Une plongée délirante dans un Middle West en pleine politisation, et pour le lecteur, un choc des cultures tonitruant.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 29/11/2013 )
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