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L'aveuglante blancheur de la mort et de la vie
Yasunari Kawabata   Les Pissenlits
Le Livre de Poche 2014 /  6,60 € - 43.23 ffr. / 210 pages
ISBN : 978-2-253-19491-0
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en février 2012 (Albin Michel - Les Grandes traductions)

Hélène Morita (Traducteur)

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Du titre au dernier mot, un littéraire murmure parvenu jusqu'à nous, incomplet, d'outre-tombe quasiment. Kawabata est mort, depuis 1972, vive Kawabata, ressuscité ici, pour nous. On peut juger de l'intérêt de publier un texte incomplet, peut-être contre la volonté de son auteur, après sa mort. Hommage ou ''coup'' ?...

Mais les mots sont là, qui filent, portés par un style lui-même ondoyant, cristallin, minéral presque. Une économie de mots et une pureté du langage qui n'empêchent pas la profondeur du propos, bien au contraire. Si manque l'épilogue, si les mots soudain se taisent, ces quelques 200 pages installent magnifiquement un moment humain et littéraire, le dialogue de deux êtres rendus coupables par l'internement de leur proche, leur fille, leur fiancée.

Parce qu'elle est atteinte d'un mal étrange, une cécité sélective qui lui rend invisible son amant Hisano, ce dernier, accompagné de la mère de la malade, accompagne Ineko jusqu'à un asile. Un asile sis dans un ancien temple, où poussent des pissenlits, fleurs jaunes (une blanche s'y cache aussi, Hisano l'a vue, il en est sûr, tout comme il a vu cette souris blanche passer furtivement dans les herbes) et dont les cloches sont sonnées tour à tour par les malades (leur son est thérapeutique, dit-on). Blancheur fragile et furtive, précipité d'innocence dans un monde de fous, telle est peut-être l'image qu'Hisano veut fixer sur ce panorama triste, abandonnant malgré lui son aimée...

Car tout tourne ici autour de la culpabilité d'Hisano et de la mère. Leurs échanges, les souvenirs remémorés, les apartés philosophiques, dans l'auberge délabrée toute proche de l'asile, où parviennent les sons de la cloche, portent ce sentiment. Abandon ou soin ? La volonté aussi de comprendre d'où vient ce mal étrange. De la mort subite du père, sous les yeux de sa fille ? Sans doute. Militaire terrassé par la défaite de 1945, ce dernier n'était plus dès lors que l'ombre de lui-même, mystique et suicidaire.

On n'en dira pas plus. Le lecteur entrera lui-même dans ces ambiances où les non-dits comptent autant que les dires qui les masquent. Un très bon roman donc, où Kawabata surgit à chaque page, avec cette fixation sur la mort, point aveugle dans la lumière de la vie. N'est-ce pas elle, finalement, que nous ne voyons pas alors qu'elle est là, omniprésente, dans son aveuglante blancheur ?...


Thomas Roman
( Mis en ligne le 11/06/2014 )
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