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Une éducation européenne
Christopher Isherwood   Mr. Norris change de train
Fayard 2012 /  19 € - 124.45 ffr. / 282 pages
ISBN : 978-2-213-66668-6
FORMAT : 13,5 cm × 21,5 cm

Léo Dilé (Traducteur)

Voir aussi :

- Christopher Isherwood, Le Lion et son ombre - Une éducation dans les années 1920, Fayard, Octobre 2012, 286 p., 19€, ISBN : 978-2-213-66664-8
Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)

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Christopher Isherwood (1904-1986) est un personnage atypique du mondes des lettres britanniques du XXe siècle. La vie de cet esprit fin et libre est un roman, et ses romans racontent sa vie. En tout cas, on repère des éléments autobiographiques dans les deux présents ouvrages, l'un si prêtant et l'autre moins.

Que ce soit dans Mr. Norris change de train (1935, premier volet des Histoires berlinoises) ou Le Lion et son ombre (1938), c'est l'esprit vif et perspicace qui gouverne le récit (roman où le mystère côtoie l'actualité pour le premier, récit sur la jeunesse de l'auteur pour le second). Si l'histoire tourmentée de l'entre-deux-guerres a créé des personnages tout aussi tourmentés, Isherwood n'en fait pas moins des héros modernes, dynamiques croyant aux forces de l'esprit et de leur époque. En cela, le romancier et le mémorialiste s'accordent sur ce point, et ses écrits, s'ils ne brillent pas par l'originalité du style ou la profondeur de la narration, collent à cette période bien particulière, qui conjugue ensemble la politique, la liberté, la frivolité mais aussi la montée des périls, les compromissions et les engagements.

On pourrait coller aux trames de ces deux textes le titre d'un roman de Romain Gary, L'Education européenne. Le premier titre raconte l'union improbable de deux personnages singuliers dans la tourmente de l'avant-guerre, avec son cocktail d'exotisme, d'idéologie, de trouble moral, de mystère et d'attirance sexuelle, quand le second revient sans détour sur la jeunesse de son auteur, notamment de son parcours intellectuel dans une Europe menacée mais encore en paix.

Isherwood est habile mais peine à passionner un lecteur qui ne se contente pas des menus faits d'un récit, pas plus qu'il ne se passionne pour des situations sommes toutes banales dans un contexte dont tout le monde s'accorde à dire qu'il ne le fut point. Les excentriques ne sont pas loin, mais l'écrivain préfère aborder son sujet de manière assez classique, presque neutre, conférant à son œuvre un aspect parfois répétitif et froid (et ce malgré la chaleur des thèmes diffusés !). C'est regrettable mais l'écrivain britannique a prouvé dans d'autres textes qu'il était capable du meilleur (Le Monde au crépuscule).

Reste que les aventures de Norris et d'Isherwood pourront intéresser les amateurs de littérature britannique. Les autres se lasseront peut-être, reprochant à ces textes de bonnes factures de manquer de puissance narrative. Il faudrait se plonger dans son œuvre, prolifique car l'homme meurt en 1986.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 21/11/2012 )
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