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La vie barrée d'un ange ?
Emilie de Turckheim   Une sainte
Le Livre de Poche 2015 /  6,60 € - 43.23 ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-253-00083-9
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en août 2013 (Éditions Héloïse d'Ormesson)
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La lecture d’Une sainte d’Emilie de Turckheim déclenche quantité d’émotions contradictoires. On est déboussolé. Est-ce un roman, comme annoncé ? Un conte noir à maints égards...

Avec tout d’abord cette héroïne qui n’a pas de prénom, à qui il pousse des ailes, de vraies ailes, oui, que le médecin lui-même constate. Car elle a un but dans la vie : être canonisée. Ses ailes ne sont donc pas le fruit du hasard. Elle veut accéder à la sainteté par tous les moyens. «Ceci est mon corps», déclare-t-elle ; elle part en Mongolie assister à un «potlach», rituel du don. Elle essaie d’aider ses prochains de façon surprenante sans se cloîtrer et attendre la sainteté dans la foi et la contemplation, et prend beaucoup de plaisir à la retransmission télévisée d’une voluptueuse messe de canonisation à Montréal...

Enfant, l’héroïne est initiée aux règles strictes du catholicisme, qui ne lui permettront d'ailleurs pas toujours d’avancer dans sa quête de Dieu. Au sein de l'institut, elle a une amie pour la vie, Marie... qui sera renvoyée pour péché de chair. Marie qui n’a pas de chance, qui veut à tout prix devenir actrice et travaille en attendant comme secrétaire dans une marbrerie funéraire dont le patron est très bienveillant. Marie qui réalisera son rêve... en obtenant un rôle dans un film porno ; elle aura des jumelles au destin tragique avec l’acteur principal, José Talon, son nom de scène, et sera soutenue moralement par l’héroïne : Marie se pose des questions à propos de ses rôles...

La mère de l’héroïne vit dans une maison de repos ou un hôpital psychiatrique - le doute subsiste -, adore sa fenêtre et n’aime rien tant que les histoires plus ou moins loufoques que lui raconte sa fille lors de ses visites hebdomadaires ; la fille, indigne, en profite pour piquer son argent dans l’armoire à pharmacie. Il faut bien vivre ! Elle aide son voisin âgé en nourrissant son chat qu’elle laisse ensuite mourir de faim car elle est prise d’un besoin irrépressible de spiritualité et part faire un pèlerinage dans un pays équatorial où les divinités ont les pieds palmés.

Mais la grande histoire de sa vie, pour accéder à la sainteté visée, c'est la visite de prisons. Son «client» le plus important est Dimitri qu’elle remettra dans le droit chemin puis qu’elle fera revenir en prison au moyen d’un mensonge éhonté... parce qu’elle l’aime à sa façon. Elle se rachètera cependant ; elle est donc capable du bien et du mal, assez retorse. «Je te préfère enfermé. Je ne t’aime nulle part mieux que dans ce parloir où nous sommes heureux (…) où nous parlons de liberté comme si nous savions ce que c’est». L’aventure avec Dimitri est cousue de sentiments contradictoires ; l’héroïne y perd son latin (d’Eglise). Tout n’est pas blanc ou noir... Quel est le moteur de son attirance vers la sainteté ? La pitié, la charité, la mauvaise conscience, le sens du devoir ? On est tenté de dire tout mais tout dans un grand désordre.

Un conte noir où histoires et fables se mélangent, tout comme le Bien et le Mal peuvent prendre des chemins détournés. Les principes partent en fumée. Nous sommes sous le règne de la réalité émotionnelle... Emilie de Turckheim a donc beaucoup d’imagination et de fantaisie. Elle ne craint pas d'être farfelue, sa plume trempe dans l’onirisme. Le texte est parfois sans queue ni tête. Avec aussi des allusions à la "vraie" religion : Marie mariée à José, sainte Hélizabel (immortalisée par Rutebeuf au XIIIe siècle) et l’enfer… «l’enfer c’est de l’air noir qui te brûle comme un poison, il brûle tes yeux, il brûle ta gorge et tes poumons, tu souffres tout le temps et tu ne dors jamais A côté des supplices de l’enfer, les souffrances terrestres sont des caresses, rien ne peut te racheter. Dieu lui-même ne peut plus t’aider, tu es entre les mains du diable..».

Prête à tout donc, pour la sanctification. Un petit bijou déjanté, à lire pour avancer soi-même vers le Bien, avec ou sans ailes !


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 14/10/2015 )
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