| Tim Parks No Sex Actes Sud 2014 / 22 € - 144.1 ffr. / 267 pages ISBN : 978-2-330-02753-7 FORMAT : 14,5 cm × 24,0 cm
Isabelle Reinharez (Traducteur) Imprimer
Beth, Elisabeth pour les gens bien, est une jeune chanteuse dans un vague groupe de rock, le genre sexy, avenante mais de plus en plus paumée, entre ses amours, ses envies, ses besoins et une histoire familiale pas si épanouissante que cela.
Alors pour elle, le centre Dasgupta, ce devrait être la voie dune nouvelle vie, sous langle de la méditation et du bouddhisme
Car au centre Dasgupta, on suit les préceptes du gourou Dasgupta, mort il y a quelques années mais dont les vidéos et les paroles tournent en boucle. Au programme : silence, végétarisme, abstinence, séparation entre les sexes et méditation. Dix jours pour évoluer à introspection forcée. Pour Beth, revenue au centre comme bénévole après quelques stages, cela semble fonctionner, un processus libérateur fondé sur la négation du Moi avec, en sus, une fascination ambiguë pour MiNuWai, lune des directrices du centre, gourou silencieux.
Mais au hasard du rangement dune chambre, elle découvre le journal intime dun participant première transgression : il ne faut pas écrire durant le stage et sy plonge, happée par cette autre vie. Dune transgression, lautre, la voilà qui retrouve son individualité, et, peu à peu, se découvre une maturité neuve, qui passe par lacceptation de soi, et du regard sur les autres.
Etrange roman que ce récit de Tim Parks, à la limite métaphorique : on part dans le tableau idyllique dun centre de méditation qui, par moment, vire à la secte, on se retrouve dans une version contemporaine de 1984 le journal intime orwellien transgressif et libérateur pour terminer sur un roman dinitiation et la découverte de Soi à travers lAutre. Le principe est efficace, ponctué par quelques scènes oubliables de cuisine collective ou de réflexions bouddhistes délayées par des anecdotes. Le huis clos, perçu à travers la plume de la jeune femme, est léger, et la tension romanesque, douce : on comprend, progressivement, les raisons de son arrivée au centre, sa détestation progressive du Moi. Lattention portée aux autres commence par des choses simples, des futilités, des conversations décousues, des petites blagues, puis, progressivement, la vie, et sa complexité, sinsinue dans le centre, dans cet univers clos, épuré, silencieux, sous la forme du carnet intime de Geoff.
Un roman écrit dune plume sobre, le récit dune renaissance au rythme lent, et qui invite à lintrospection, à la méditation
ou à la révolte.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 19/02/2014 ) Imprimer
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