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Exil et escadrons de la mort
Hector Tobar   Jaguar
Belfond 2014 /  22 € - 144.1 ffr. / 382 pages
ISBN : 978-2-7144-5373-0
FORMAT : 15,7 cm × 24,0 cm

Pierre Furlan (Traducteur)
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Héctor Tobar est journaliste au Los Angeles Times. Avec son équipe, il a obtenu le prix Pulitzer en 1992 pour la couverture des émeutes de L.A. cette année-là. C’est aussi un écrivain et Belfond publie son premier roman Jaguar (il a été révélé par Printemps barbare). Un retour aux sources pour cet écrivain fils d’immigrés guatémaltèques, hanté par les ravages des escadrons de la mort.

Alors que le Guatemala vit sous une dictature de droite, Antonio Bernal, un enseignant socialiste, assiste à la mort de sa femme Elena et de son fils de deux ans Carlos, assassinés par un escadron de la mort, le bataillon Jaguar, affidé au pouvoir en place. Il fuit immédiatement vers l’Amérique pour ne pas être tué, avec pour seul souvenir du tueur militaire un tatouage de jaguar jaune sur l’avant-bras. Il atterrit à Los Angeles et erre de logements sordides en bidonvilles jusqu’au jour où il tombe par hasard dans Mac Arthur Park sur un homme à l’allure martiale avec le même tatouage que le tueur guatémaltèque : Guillermo Longoria. Alors que Guillermo joue aux échecs dans le parc, la rencontre fortuite des deux exilés pousse Antonio à imaginer sa vengeance, nécessaire pour reprendre une vie normale sans cauchemars de sang et de mort. Il en fait une question d’honneur, lui l’intellectuel falot qui n’a su que fuir devant les corps de sa femme et de son fils, et qui voudrait racheter sa lâcheté.

Nous assistons à la confrontation psychologique des deux réfugiés qui découvrent que la guerre les a suivis à l’étranger. Pour les deux, L.A. semblait une ville de rêve comme dans les films. Antonio croit recommencer sa vie avec un nouveau départ alors qu’il est expulsé de son misérable appartement et se retrouve sans domicile avec son compagnon d’infortune José Juan. Il croyait être arrivé dans ce que Faulkner appelle « the golden land». En raison de ses trop hautes attentes, il est déçu de constater que cette vie est bien plus difficile car les immigrants ont du mal à assimiler la culture américaine. Ils restent des exclus par la langue et leurs traditions.

Obligé de s’enrôler dans l’armée, Longoria, qui a rêvé d’Amérique devant les décors de rêve d’E.T., voit en L.A. un endroit riche et propre avec des opportunités faciles. Il trouve un travail rapidement grâce à son expérience militaire, il a un appartement spartiate et immaculé. Il déteste les sans abris et se plaint de la saleté de la ville. «S’il n’avait pas tué, c’est peut-être lui qui serait mort. Ce travail devait être exécuté pour certaines raisons qu’il ne comprend pas toujours mais qu’il accepte». Lui aussi est hanté par le souvenir des expéditions punitives contre les guérilleros regroupant de nombreux paysans, des idéologues et quelques généraux rebelles. Son pire cauchemar en tant que membre du bataillon Jaguar est le bruit et la vue des enfants qu’on tue à la machette ou au fusil, terrible mais nécessaire pour son devoir patriotique.

Une confrontation s’installe entre les deux hommes, faite à la fois de haine et de fascination, charriant des thèmes chers à l’auteur : la déchéance sociale, la misère extrême, l’immigration clandestine, la violence morale et les désillusions de l'«American dream». Les chapitres alternent sur les deux personnages jusqu’aux événements de Los Angeles en 1992, les émeutes, quand la ville explose dans la fureur et la révolte des minorités avec des pillages et des incendies criminels. Tout ceci advint après le passage à tabac fatal de Rodney King, un jeune noir, par des policiers jugés non coupables, meurtre repris sur toutes les chaînes de TV : «mais à présent l’odeur était partout, propagée par des centaines d’incendies dans une ville où brûlaient les galeries commerciales et les palmiers».

La prose de Tobar, claire et nette, donne une couleur authentique par l’utilisation des phrases en espagnol : la traduction nerveuse de Pierre Furlan est parfaite. L’auteur écrit avec l’œil du journaliste et le cœur du romancier.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 19/02/2014 )
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