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Bijou British
Sue Townsend   La Femme qui décida de passer une année au lit
10/18 2014 /  8,80 € - 57.64 ffr. / 455 pages
ISBN : 978-2-264-06165-2
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Fabienne Duvigneau (Traducteur)
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Ce matin, Eva, brave ménagère britannique mariée au très insipide docteur (ès astronomie) Brian Beaver, décide de ne pas se lever : ras-le-bol, flemme, accès dépressif… appelez cela comme vous le voudrez ; quant à elle, elle reste dans sa chambre, dans son lit, en imaginant un dispositif (un drap) pour le prolonger jusqu’aux toilettes. Une crise, déclare Mr Beaver, éminent spécialiste des comètes et autres phénomènes célestes… mais le soir, Eva n’est toujours pas levée. Serait-ce lié au départ à l’université de Brian Jr et Brianne, ses deux jumeaux surdoués, aussi brillants et rationnels qu’ils sont socialement inadaptés et introvertis ? Serait-ce le train-train quotidien auprès d’un époux qui l’indiffère depuis longtemps ? Serait-ce la manière par laquelle elle entame un retour sur elle-même, étrange papillon dans sa chrysalide ?

Sa mère – compatissante à l’excès - et sa belle-mère – sévèrement critique - se portent à son chevet, les amies viennent voir, les passants s’interrogent. Car Eva n’est pas déprimée, elle réorganise : d’abord sa chambre, puis sa vie, avec l’aide d’Alexander, le séduisant homme à tout-faire local bientôt attiré par cette quinqua singulière. Et du haut de son lit, improbable poste d’observation, Eva découvre progressivement sa vie, sa vraie vie : celle d’une femme au passé enfoui, aux talents ignorés, vivant auprès d’un mari rasoir qui mène depuis des lustres une double vie, celle d’une mère de deux enfants froids, inadaptés et fusionnels. Bientôt c’est tout le quartier puis l’Angleterre qui s’intéressent à cette femme qui, au fond de son lit, semble porter sur le monde un regard plus éclairé. On l’interviewe, on la filme, on la sollicite, on la prie, on attend ses visions, ses miracles même. Devenue phénomène, Eva, moderne recluse dans un monde où l’intimité n’existe pas, saura-t-elle compléter sa mue ?

Attention, petit bijou d’humour British comme on les aime, par une auteure trop tôt disparue. Partant d’une intrigue improbable, Sue Townsend (La Reine et moi) nous entraîne dans le microcosme familial de son héroïne. On découvre, au fur et à mesure de l’intrigue, une galerie de doux dingues, à commencer par le docteur Beaver, astronome frustré, amant pathétique et mari déboussolé d’Eva, on entre à l’université avec les jumeaux Beaver, confrontés à cette sangsue de Poppy, parasite modèle et mythomane de compétition, on découvre l’envers du décor de cette famille et de ce quartier tranquilles, les petites histoires (le «misérable petit tas de secrets») de chacun, une version délirante et satirique de la bonne bourgeoisie anglaise passée à la moulinette d’un humour nonsense décapant.

Selon le principe du battement d’aile du papillon, la décision d’Eva bouleverse les uns et les autres, oblige cette famille à s’organiser et se recomposer, interpelle les passants, bientôt groupies. On appréciera surtout les démêlés du docteur Beaver avec ses collègues, sa mère, sa belle-mère, Poppy, sa délicieuse maîtresse Titania (qui n’a rien d’une reine des fées mais sait parler astronomie), et bientôt le public de son épouse. Poussant la logique jusqu’à l’absurde, ne s’interdisant aucune péripétie, même (et surtout) la plus délirante, la plus saugrenue, Sue Townsend emmène son lecteur dans un récit improbable et très drôle, bien écrit et impeccablement traduit, avec une verve et un sens de la formule qui donnent à l’ensemble une vraie cohérence.

Une pépite, un excellent moment de littérature.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/07/2014 )
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