| Olivier de Solminihac L’Homme au fond L'Olivier 2015 / 15 € - 98.25 ffr. / 140 pages ISBN : 978-2-8236-0378-1 FORMAT : 13,0 cm × 18,5 cm Imprimer
Un court livre, écrit à la première personne du pluriel, en deux parties : lenfance et lâge adulte. «Quand on est enfant, chez nous, on croit en Dieu», première phrase du récit. Qui est le «nous» ? Le narrateur ? Sa fratrie ? La famille dans son ensemble ? La famille dont il est issu, dans la première partie. Celle quil a fondée, dans la seconde. Une enfance, puis une adolescence sans grande histoire semble-t-il, mais avec cette fissure irréversible : la naissance suivie de la mort dune petite sur, Lucie, prénom de lumière, un soir de Noël. Une jeunesse vécue à Dunkerque, Dunkerque quittée pour dautres horizons et réinvestie plus tard.
Une maison, un jardin, de trop grands arbres que lon décide dabattre, loccasion de découvrir, apposée côté rue, sur le mur de la maison, une plaque : «A la mémoire des habitants qui trouvèrent la mort lors des bombardements sur ce site des anciens établissements Lefort le 27 mai 1940. Les familles, les Rosendaëliens, et la municipalité de Dunkerque se souviennent».
Le narrateur se lance à travers les archives dans la quête de lévénement, recherche dans lhistoire de la ville, quête des noms des disparus pour leur redonner vie. Une quête qui échoue en partie puisque seuls 22 noms sont repérés (et lont été à lépoque) ; restent cinq fantômes à jamais anonymes. Cinq fantômes anonymes, à la différence de la petite sur morte et toujours présente
A ces cinq fantômes sajoute la figure de «lhomme au fond», figure quavait peut-être annoncée dans une de ses homélies le prêtre de lenfance : «Et derrière vous, dit-il, dehors sur le parvis, il y a un homme qui attend. Inutile de vous retourner, cet homme vous ne le verrez pas car il ne se montre pas». Et là, au fond du jardin, un voisin énigmatique et silencieux : «Lhomme au fond na rien du clochard céleste, du poète vagabond, de lauberge à la Grande Ourse. Il na pas leur hargne, ni leur fond despoir, ni la lueur de leur regard, mais plutôt une attitude de vaincu». Mais sa simple présence silencieuse questionne ; elle questionne une société qui ne voit pas les silencieux, les anonymes
Un joli récit minimaliste tout en subtilités.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 03/07/2015 ) Imprimer
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