L'actualité du livre Vendredi 19 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

Vilnius verdâtre
Ricardas Gavelis   Vilnius poker
Monsieur Toussaint Louverture 2015 /  24 € - 157.2 ffr. / 542 pages
ISBN : 979-10-90724-17-4
FORMAT : 16,3 cm × 23,6 cm

Margarita Le Borgne (Traducteur)
Imprimer

Ričardas Gavelis (1950-2002) est un auteur lituanien, professeur à l’Institut des sciences physiques de Vilnius, qui abandonna sa carrière scientifique pour se vouer à la littérature. Auteur de nouvelles, il écrivit six romans et des pièces de théâtre. Dans la Lituanie sous domination soviétique, son œuvre se dresse contre toute censure, est un plaidoyer ardent pour la liberté sous toutes ses formes et dans tous les domaines, et décrit un univers absurde, dans lequel les héros sont précipités. Peu connu en France (Connaissez-vous bien la cible ?, in Europe, n°763-764, 1992), sa nouvelle ''Le manchot'' fut publiée dans Des âmes dans le brouillard : Anthologie de nouvelles lituaniennes contemporaines / textes choisis et présentés par Loreta Macianskaité (Presses universitaires de Caen, 2003). Les éditions Monsieur Toussaint Louverture publient cette année son roman essentiel, Vilnius Poker, fort bien traduit par Margarita Le Borgne. Comme toujours avec cette maison d’édition, l’objet-livre est superbe, avec sa couverture énigmatique (Zeina Abirached) ornée de labyrinthes et de serpents, de silhouettes en uniformes, sans visages, noires et inquiétantes, œil scrutateur, femmes nues et symétriques, tours anonymes.

Un univers étrange qui s’ouvre sur le récit du narrateur principal, Vytautas Vargalys : «Une étroite trouée entre deux immeubles, petite brèche dans un mur incrusté de fenêtres aveugles : une étrange ouverture sur un autre monde». Rêve, cauchemar, réalité… Dans cet univers déroutant, Vytautas Vargalys se débat et entraîne son lecteur. Les frontières entre le réel et l’onirique sont fragiles et souvent franchies. Un univers dominé par de mystérieux «Ils», au pouvoir immense et cruel dans cette «Vilnius verdâtre». Qui sont ces êtres sauvages : «Ils veulent détruire notre être : en commençant par la nuque, le front, le nez, les coudes, les poumons, le foie et en terminant par notre rire, notre mélancolie, notre rêverie et notre désespoir, nos habitudes immuables et nos rêves, notre âme et l’âme de chaque créature vivante».

Le combat est inégal entre Vytautas Vargalys, employé de bibliothèque chargé de la recension des livres qu’Ils ont interdit, et ces Ils tout puissants ; mais avant d’y laisser la vie, Vytautas Vargalys se sera battu avec l’énergie du désespoir, sans pouvoir enrayer cette descente aux enfers inéluctable. Il y laisse sa raison, ses souvenirs, sa vie mais peut-être pas son âme : «Soudain, j’ai la certitude que, en dépit de tout, Dieu existe dans les cieux. Il doit forcément y avoir une créature qui sait que je suis innocent». Mince victoire de l’individu sur le totalitarisme… Trois narrateurs prennent le relais : Martynas, «chroniqueur de l’agonie de notre monde», auteur de «marmoires» («J’appelle ceci mes «marmoires» - un carambolage entre «Martynas» et «mémoires»») ; Stéfania, une fille du pays ; et Gediminas, un chien. Vytautas Vargalys ne disparaît donc pas tout à fait…

Ričardas Gavelis a mis huit ans à rédiger ce roman-univers, foisonnant, qui joue sur plusieurs registres, évoque les tableaux de Jérôme Bosch, 1984 d’Orwell, l’œuvre de Kafka, liste non exhaustive… Lorsqu’il l’achève en 1987, l’empire soviétique se craquelle et trois ans plus tard la Lituanie obtient son indépendance. Un texte étonnant, âpre, souvent poétique. De la vraie littérature.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 25/09/2015 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd