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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Nelly Kaprièlian Veronica Grasset 2016 / 18 € - 117.9 ffr. / 217 pages ISBN : 978-2-246-85864-5 FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm Imprimer
Après Le Manteau de Greta Garbo, on attendait avec impatience le nouveau roman de la journaliste Nelly Kaprièlan (Les Inrockuptibles, Vogue, Le Masque et la Plume). Veronica est un petit bijou de nostalgie sur le Hollywood des années quarante, jusqu'aujourdhui.
Une jeune journaliste française enquête pour un un magazine prestigieux sur le destin énigmatique dune star, Veronica, étoile déchue au coeur de Hollywood et de la Paramount. Les soixante premières pages nous narrent la vie dune jeune femme adulée puis rejetée par le système. La journaliste devient alors la narratrice, sa vie et ses problèmes accompagnant le destin de Veronica.
Dans ce roman noir sur lillusion et ses abîmes, une star naît dans lempire du cinéma, elle tourne dans «Red Orchids» écrit par Raymond Chandler, son ami, puis enchaîne les succès et la belle vie dans la cité des anges. «Elle avait revêtu la peau de la petite frappe des rues de banlieue, puis celle de lingénue qui sillonne les allées de la Paramount, enfin elle sétait parée de la peau pailletée de la femme fatale, lenveloppe de satin blanc du sex-symbol hollywoodien» (p.24).
Elle donne la réplique avec brio alors quelle ne sait pas très bien qui elle est réellement... Une piètre épouse, une mauvaise mère, une actrice médiocre ? Sa vie est une succession déchecs poignants, ce dont elle a conscience. Que veut-elle oublier sinon sa jeunesse malheureuse, poussée par sa mère destructrice ? Sa personnalité est double, dun côté le strass et les paillettes, de lautre la dure réalité quelle cherche à cacher dans des amours fugaces et malheureux. Lillusion nest quapparente et ne dure quun temps. La misère et le désespoir la guettent et, alors qu'elle n'a que 39 ans, on trouve son corps, le livre de ses mémoires à la main, dans un hôtel de passe de New-York où elle essayait de faire du théâtre.
On penser évidemment au destin de Veronica Lake, «Le Dalhia Bleu», crinière blonde masquant le regard, silhouette de rêve, folie et destin brisé par lalcool. Hollywood est toujours objet de fantasmes, les actrices sont ténébreuses et mythiques ; triomphe de lapparence clinquante... Nelly Kaprièlan nous livre toute la psychologie du personnage. La narratrice se retrouve dans ses traits et finit par mettre à jour, à travers la quête du mystère de lactrice, ses propres démons, révélant une personnalité complexée.
Au fil des pages, lintérêt pour le texte grandit formidablement. La lutte entre lactrice et le monde du cinéma est inégale ; Veronica sera broyée par le système. Que despoirs déçus, de rêves morts derrière les sourires contraints et une apparente brillance ! Lécriture est fluide, prenante. A lire de toute urgence pour (re)voir ces films d'un il à la fois plus critique et bienveillant. « On ne peut échapper à Hollywood. A moins de se suicider, écrira-t-elle plus tard» (p.31).
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 01/02/2016 ) Imprimer
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