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Le royaume noir de l’adolescence
Mariam Petrosyan   La Maison dans laquelle
Monsieur Toussaint Louverture - Les Grands animaux 2020 /  15,50 € - 101.53 ffr. / 1070 pages
ISBN : 979-10-90724-92-1
FORMAT : 12,9 cm × 19,0 cm

Première publication française en février 2016 (Monsieur Toussaint Louverture)

Raphaëlle Pache (Traducteur)

Tristan Garcia (Préfacier)

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Un nouvelle pépite proposée par les inventives éditions Monsieur Toussaint Louverture : publié en 2009, le livre est le fruit de dix ans d'écriture par une jeune femme, Mariam Pietrosyan, née à Erevan en 1969. Elle avait dix-huit ans lorsqu'elle a commencé l'écriture de son unique roman ; elle est aujourd'hui plasticienne.

L'histoire du livre est étonnante : Mariam Pietrosyan n'a pas cherché à faire publier son texte, mais celui-ci a circulé de lecteurs en lecteurs jusqu'à rencontrer un éditeur qui, lui, fasciné et enthousiaste, a immédiatement décidé de le publier. Dès sa sortie, le livre a reçu de nombreux prix. La Maison dans laquelle appartient à cette famille de textes inclassables dans lesquels on entre ou que l'on fuit dès les premières phrases. Mais quelle récompense et quel plaisir de lecture lorsqu'on accepte d'explorer ce labyrinthe invraisemblable et déconcertant ! Un récit étonnant, touffu, de plus de 1000 pages, que les éditions Mr Toussaint Louverture ont choisi d'éditer avec une typographie complexe (polices : Old Claude, Dear John, Garamond 1689) qui évoque un tapuscrit.

«Les élèves l'appellent tout simplement «la Maison». Ce mot révèle tout ce que notre école représente pour eux : une famille, le confort, la compréhension mutuelle, l'attention bienveillante» : tel est le texte lénifiant d'un dépliant visant à décrire l'institution, regard d'adultes soulagés de confier leurs enfants difficiles. La réalité apparaît toute autre ! Et le narrateur du début, le jeune Fumeur, dix-sept ans, qui vient d'arriver, constate : «Il était incroyable, ce truc. Pas un mot qui ne soit ni vrai ni faux». Et c'est dans cette réalité irréelle que le lecteur pénètre, entraîné au coeur de l'adolescence dans cette maison étrange, labyrinthique, mystérieuse, posée au centre d'un univers urbain déglingué, d'une sorte de non-lieu.

Qui sont ces enfants, «les élèves», qui y vivent, s'affrontent dans des combats cruels, se divisent en bandes ennemies menant une guerre impitoyable ? Il faut quelques pages pour que le lecteur comprenne que tous sont des enfants handicapés, rejetés par la société et abrités dans cette étrange maison - la Maison - jusqu'à leurs dix-huit ans, âge auquel, sans pitié, ils sont alors renvoyés vers l'extérieur. Un extérieur à leurs yeux bien plus inquiétant que la Maison, qui vit selon ses propres normes, avec des adultes qui, certes, représentent l'autorité, mais celle-ci n'est ici qu'un vain mot. Le monde adulte, avec ses règles placardées un peu partout, n'est qu'apparence, illusion. La loi, la seule, ou les lois plutôt, sont énoncées par les gamins (on ne peut s'empêcher d'évoquer Sa Majesté des mouches).

Ainsi, au premier chapitre, Fumeur se fait exclure de son groupe, les Faisans, car il porte des baskets rouges. Raison : «elles sont trop voyantes». Un procès est organisé et Fumeur, à son corps défendant, sur confirmation du directeur (Requin), saisi par les membres du groupe, doit abandonner les Faisans. Les autres groupes sont encore plus inquiétants : «Les Rats étaient un mélange de punks et de clowns» ; les Oiseaux avec leur chef, Vautour, «semblable à un vampire, dans son manteau d'hermine taché aux mites» ; les Araignées... Fumeur, pourtant, va parvenir à survivre.

Les enfants n'ont pas - n'ont plus - de prénom, juste des surnoms : l'Aveugle, Lord, Tabaqui, Sauterelle, Crâne... tout comme les adultes qui les encadrent : Requin, Élan, Ralph le Noir. Trois livres - ''Fumeur'', ''Journal de Chacal'', ''Les Nids vides'' - et un épilogue... Un roman-monde, univers étrange, fantastique, mu par sa seule logique, créateur de ses propres mythologies et légendes, dans lequel on s'immerge, fasciné.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 28/09/2020 )
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