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Mille et nuits à la norvégienne… | | | Jan Kjaerstad Le Séducteur
Monsieur Toussaint Louverture 2017 / 23 € - 150.65 ffr. / 608 pages
ISBN : 979-10-90724-30-3
FORMAT : 16,3 cm × 23,4 cm
Loup-Maëlle Besançon (Traducteur)
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Journaliste, critique littéraire, romancier, théologien de formation, Jan Kjærstad (né en 1953) est une personnalité reconnue en Norvège, dont l’oeuvre, abondante, a été récompensée de nombreux prix. En France, si les éditions Gallimard ont publié en 1996 Aléa, Le séducteur n’est que le second ouvrage offert aux lecteurs français, fort bien traduit par Loup-Maëlle Besançon.
Il s'agit du premier volume d’une trilogie- (Le Séducteur, Le Conquérant, L’Explorateur - qui met en scène le même personnage, Jonas Wergeland, «le séducteur». Qui est ce Jonas que nous décrit un narrateur à l’identité mystérieuse ? On sait que ce dernier n’est pas norvégien, ce qui l’autorise à exercer sa verve critique contre la Norvège et ses habitants, incapables d’être des créateurs… Dans ce premier volet, Jonas apparaît comme un être fascinant, que le lecteur découvre par phases successives, au cours de moments importants de sa vie, présentés dans le plus grand désordre chronologique.
Qui est Jonas ? Aux yeux de tous : une personnalité du monde télévisuel norvégien, auteur de documentaires reconnus, amateur de voyages au long cours, époux d’une femme qu’il aime : «Ainsi débute notre récit : Jonas Wergeland se trouve seul dans une pièce avec un cadavre. (…) Et, pour ceux qui l’ignoreraient encore, cette femme sur le sol n’est autre que son épouse» (p.9). En près de six-cent pages, le narrateur inconnu raconte les mille et un instants fondateurs de la vie de Jonas depuis qu’il est enfant, sa famille d’originaux, la Norvège des années soixante à aujourd’hui. Ce qui construit Jonas, «le moyeu de la roue». Un récit prolifique qui n’exclut aucun détour, laisse une grand place au jeu du hasard, prend volontiers la forme du conte de fées, avec des marraines bienveillantes : la grand-mère excentrique collectionneuse de tableaux ou la tante Laura avec ses livres anciens, sans oublier la sœur, l’épouse, la mère… ou encore l’oncle aviateur et amateur de jazz.
Au terme de cette longue lecture, à la fois déroutante et très architecturée, que sait-on de Jonas ? Qu’il est séduisant, intéressant, qu'il a découvert très tôt l’art du sexe et le pratique avec talent, qu'il aime sa femme, que tout semble lui réussir dans ce qu’il entreprend… Dans une certaine mesure, le héros a moins d’importance que le récit échafaudé à son sujet, ce que traduit le curieux ''Avertissement'' de l’éditeur qui joue à accréditer la version d’un personnage réel mais conclut : «L’éditeur tient à souligner que son contenu n’est, au fond, qu’une succession d’histoires, dont il revient au lecteur seul de déterminer ou non la véracité».
Mais que pèse la véracité face au plaisir de la lecture emporté par une imagination débordante ? Une lecture au long cours, qui demande de s’immerger, d’accepter de se perdre, d’endurer des longueurs indéniables. Les deux autres tomes de la trilogie montrent Jonas sous un jour moins favorable semble-t-il. Espérons que les éditions Monsieur Toussaint Louverture poursuivront leur publication et que le lecteur français pourra découvrir les mille et une facettes de ce personnage intrigant…
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 19/04/2017 )
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