L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

La traversée des apparences
Conrad Aiken   Au-dessus de l'abysse
Gallimard - L'Imaginaire 2001 /  7.94 € - 52.01 ffr. / 460 pages
ISBN : 2 07 076106 1

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Patrice Repusseau
Présenté et annoté par Michel Gresset

Imprimer

William Demarest, dramaturge américain, s'embarque à bord d'un paquebot pour une traversée de l'Atlantique qui lui permettra de rejoindre à Londres la femme qu'il aime. Un voyage quelque peu désespéré, puisque la belle Cynthia Battiloro évolue dans des cercles auxquels le modeste écrivain n'a pas (encore) accès, et que leurs brèves rencontres ne lui ont jamais permis de savoir si ses sentiments étaient partagés. D'ailleurs, de quels sentiments s'agit-il ? Quelle est cette sorte d'amour faite d'exaltation et de frustration, d'aveuglement et de lucidité ? Au fil des jours et des rencontres, Desmarest sonde le fond de son coeur, se laisse troubler par quelques garçonnes aux oeillades ravageuses et, lorsqu'un regain d'espoir et de confiance point en lui, l'inimaginable survient : sur le pont des premières classes, il rencontre Cynthia qui se rend elle aussi en Angleterre, où doit prochainement se dérouler son mariage...

Roman sur le désenchantement et la comédie des apparences, Au-dessus de l'abysse (1927) est dans la lignée des chefs-d'oeuvre publiés à la même époque, de Gatsby le Magnifique au Soleil se lève aussi en passant par Manhattan Transfer. Du héros d'Hemingway, Desmarest a l'attitude complexe faite de bravoure et de timidité, cette "castration" qui l'empêche de conquérir mais pas de désirer ; il y a aussi du Fitzgerald dans ce personnage aimant au-dessus de ses moyens, offrant pour toute fortune à Cynthia-Zelda un hypothétique succès littéraire ; enfin, comme Dos Passos, Aiken cherche, au-delà d'une narration classique, à embrasser dans un même mouvement la somme des drames et des comédies qui se jouent, non seulement entre tous les personnages de son histoire, mais aussi au tréfonds de chacun d'eux. Pour preuve, deux chapitres enchâssés au coeur du livre où, sur plus de cent cinquante pages, l'auteur met en place un monologue intérieur digne de Joyce ou de Cohen, suivi d'un virtuose exercice polyphonique où s'enchevêtrent, en un jeu érudit, burlesque ou ironique, les fils tissés par les conversations des passagers. Le roman s'achève - s'interrompt, tant la fin est ouverte - sur une série de lettres, jamais envoyées, écrites par Demarest à Cynthia, comme autant de facettes d'un personnage, d'une humanité, à jamais multiforme et insaisissable.

Généreuse, audacieuse, affranchie des modes, intransigeante avec elle-même, l'oeuvre de Conrad Aiken est d'une modernité intacte - et, ici, hommage doit être rendu à Patrice Repusseau pour la qualité de sa traduction. Oui, il est temps de redécouvrir ce magnifique poète-prosateur, largement édité aux Etats-Unis mais encore ignoré sous nos latitudes.


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 29/11/2001 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd