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Swing majeur
Christian Gailly   Un soir au club
Les éditions de Minuit 2002 /  11.91 € - 78.01 ffr. / 180 pages
ISBN : 2 7073 1773 X
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Simon Nardis était une légende du jazz. Même si ce discret ingénieur chauffagiste refuse aujourd'hui de l'admettre, même s'il se réfugie désormais derrière des problèmes de radiateur et de réfrigération pour oublier les années où il carburait au "mélange mortel : nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit..."

Du renoncement au jazz, Simon garde une blessure vive qu'il s'efforce de maintenir à une température supportable. A l'image du style de Gailly, il a évacué de son caractère tout embrasement, tout emportement, tout surgissement imprévu, aidé en cela par la douce Suzanne, qui joue le double rôle d'épouse et de garde-fou. Sauf qu'un soir, dans un obscur club d'une obscure ville côtière où il s'est rendu pour réparer une chaufferie défectueuse, l'appel de la scène est plus fort que tout. Et le piano, déserté le temps d'une pause par un jeune musicien dont le style semble étonnamment familier à Simon, se dépouille soudain de toute menace pour redevenir un pur objet de désir. Lorsque ses mains effleurent le clavier, Simon renaît au jazz, à l'amour, à la vie. Mais le destin, par un capricieux changement de tempo, va donner à cette renaissance un caractère étrangement funèbre...

De K.622 à Be-bop, la musique occupe, on le sait, une place centrale dans l'oeuvre de Christian Gailly - l'un des rares romanciers à en parler avec une telle qualité de ressenti et une telle justesse d'écriture. Plus encore que la musique, c'est l'émotion esthétique et sa quête à travers d'innombrables et imparfaites reproductions qui meut chacun de ses personnages. Retiré du jazz, autant dire retiré du monde, Simon vit avec la certitude de n'avoir été qu'un ersatz de musicien, de n'avoir entrevu la perfection que pour mieux mesurer la distance qui l'en séparerait à jamais. Son come back à la fois violent et pudique forme l'apex de son existence, le moment du choix sur lequel on ne peut plus revenir. Dès lors, l'enchaînement des événements, qui scinde son parcours en deux trajectoires inconciliables, devient tragédie pure, mais une tragédie comme seul Christian Gailly sait en construire : rythmée par les trains que Simon ne prendra plus, commentée par un coryphée radiophonique, baignée d'un chagrin éclairci par le bonheur "comme une percée de soleil dans un ciel de plomb".

Aussi drôle que poignant, ce court roman est un petit miracle d'émotion. Qu'elle sourde d'une écriture lancinante à force de simplicité dit tout le talent de ce romancier dont chaque nouvel opus (il en est au onzième) confirme qu'il construit une oeuvre majeure.


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 21/01/2002 )
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