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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Danièle Pétrès Le Bonheur à dose homéopathique
Denoël 2002 / 15 € - 98.25 ffr. / 164 pages
ISBN : 2-207-25298-1
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Tels des instantanés ou des photomatons, les vingt-huit nouvelles de Danièle Pétrès, également dramaturge et réalisatrice, captent ces situations "limites" de la vie quotidienne qui semblent si anodines et où pourtant tout bascule. Dans la lignée de Raymond Carver, l'auteur pose un regard critique mâtiné de poésie sur les rapports hommes-femmes et leur difficulté face à la routine de la vie quotidienne. La violence de l'incompréhension qui sépare les personnages va de pair avec l'insolence de ce "bonheur obligatoire" qui caractérise la société actuelle. Et ces courtes nouvelles amères semblent avoir été écrites pour prouver que le bonheur ne se goûte qu'à "dose homéopathique".
Difficile de ne pas s'identifier à cette voix narratrice, tantôt subjective tantôt objective, à ces "lieux communs" que nous connaissons bien pour les fréquenter quotidiennement (cuisine, pizzeria, maison de vacances, chambre à coucher), à ces événements banals (coup de fil, dîner, café au comptoir). Le temps, suspendu dans une sorte d'éternelle redondance - "Demain est un autre aujourd'hui" -, renforce cette impression de déjà vu et hypnotise. En quelques pages (moins d'une dizaine par nouvelle), l'auteur croque les petits désordres et les grands séismes de la vie.
La critique de la société semble avoir le vent en poupe ces temps-ci. On regrettera cependant ici le ton volontiers moralisateur des maximes conclusives de certaines nouvelles ("Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a", "Il n'y a que les miroirs qui nous survivent", etc.) et surtout les visions trop caricaturales du consumérisme américain ("Trop de bonheur"). Néanmoins, force est de constater que le style dynamique et incisif de Danièle Pétrès, servi par des phrases courtes et simples, est riche de formules heureuses et de trouvailles linguistiques, telle la "nuiseuse", cette amie qui s'acharne, en cherchant à gagner votre confiance et votre amitié, à ruiner votre vie sociale.
Maud Jobbé-Duval
( Mis en ligne le 13/05/2002 )
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