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Drôle de guerre
Frédéric Cathala   Le Théorème de Roitelet
Albin Michel 2004 /  21.50 € - 140.83 ffr. / 430 pages
ISBN : 2-226-15391-8
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Frédéric Cathala plante le décor de son premier roman au cœur de la Grande Guerre. Et sous sa plume, celle-ci s'avère une drôle de guerre, vraiment. Qu'on en juge.

D'un côté, Wronski, allemand grassouillet à la solde des Français. Sa puissance de calcul et ses exceptionnelles facultés de mémorisation en font un agent de renseignement précieux. Sa méthode : organiser des spectacles pour les soldats allemands et, sous prétexte de numérologie divinatoire, leur faire dire leur matricule, leur unité et leur affectation… afin de reconstituer le mouvement des troupes sur le front. « Aux chiffres et aux nombres fournis par le hasard, Wronski imposait la cadence de son spectacle […] Improvisateur génial, il jouait une musique tout en alternance d'additions et de multiplications, de soustractions et de divisions ». De l'autre, le colonel Roitelet, militaire français, à qui son génie statistique a fini par valoir la confiance des politiques parisiens et l'inimitié d'une bonne partie de l'état-major. Porté par une confiance inébranlable dans les chiffres, il s'est convaincu de mettre la guerre en équation… jusqu'à en donner la formule victorieuse.

Entre eux, Saint-Arnaud. Ce commandant à la réputation sulfureuse doit, pour défendre ses intérêts personnels, faire triompher d'abord ceux de son ami le général Châtelard. Quitte à provoquer provisoirement la défaite de l'armée française. Un Saint-Arnaud manipulateur, qui tire les ficelles des deux premiers, Wronski et Roitelet, comme il joue en privé des filles faciles que ses mœurs troubles réclament. Et puisque cette guerre, ce sont d'abord les tranchées, l'auteur nous donne à suivre en contrepoint les pérégrinations d'une unité de l'armée française sur le front de l'Est, le 173e Bastiais. Une unité au sein de laquelle cohabitent de sacrées personnalités et qui, comme son nom l'indique, a la particularité d'être constituée majoritairement de Corses.

Ce qu'il sortira en fin de compte de cette boîte de Pandore, tandis que la grande offensive du Chemin des Dames se prépare, seuls les lecteurs patients le découvriront. Ce que l'on peut dire de ce premier roman, c'est qu'il présente un cousinage littéraire inattendu, et dont seul l'auteur lui-même pourrait dire s'il est assumé ou fortuit. Une parenté qui n'est pas tellement dans l'écriture elle-même, mais dans le thème central du livre et les obsessions de l'auteur : les chiffres et leur formidable puissance ; les statistiques et le pouvoir surnaturel d'en jouer…en même temps que leur caractère dérisoire. Un thème, des obsessions, qui font penser aux romans métaphysiques de Paul Auster.

Hector, l'homme à tout faire de Roitelet, qui accumule les haricots pour le « cassoulet mathématique » de son chef (placer deux haricots sur la première case d'un damier et doubler la quantité à chacune des cases suivantes jusqu'à la soixante-quatrième…) n'est pas sans rappeler les deux forçats de La Musique du Hasard et leur interminable mur de briques. Le talent surnaturel autant que dérisoire de Wronski évoque les records de jongleries du héros de Mister Vertigo. Jusqu'à ces thèmes récurrents du déplacement des troupes sur le terrain et de la balistique, qui renvoient aux errances new-yorkaises codées du mystérieux Stillman dans Cité de Verre.

Un cousinage dans les thèmes donc, mais qui s'avère moins évident à établir quant au style lui-même. C'est tant mieux pour l'originalité d'écriture de Frédéric Cathala, qui fait la part belle à l'humour et démontre un plaisir manifeste à tirer ces personnages originaux vers leur destin. Le tout avec un souffle plutôt digne d'éloges – le roman pèse ses 430 pages, bien tassées, et bien que l'on sente une légère faiblesse sur la fin. Proposant une approche originale – voire loufoque – de la Grande Guerre, Le Théorème de Roitelet, roman d'espionnage documenté, mérite le détour. Et laisse espérer un avenir littéraire prometteur pour son auteur.


François Gandon
( Mis en ligne le 13/09/2004 )
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