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Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Et si la matière du roman était la savonnette ? | | | Aude Bellin du Coteau Savon pensif Seuil 2004 / / 140 pages ISBN : 2-02-067195-6 FORMAT : 14x21 cm Imprimer
Dans la catégorie premier roman, demandons la benjamine ! Aude Bellin du Coteau nous livre en effet en cette rentrée littéraire 2004 son Savon pensif, à tout juste 20 ans. Forte de sa culture détudiante en lettres, elle emporte son lecteur dans une aventure à nulle autre pareille. Avec humour, elle met en scène Albert Aïchtaïne, enquêteur-physicien, chargé de rechercher les causes des suicides et des disparitions de corps qui surviennent tout à coup dans la capitale. Dans ce futur plus ou moins proche, les repères du paysage parisien sont faussés au gré des jeux de mots. Un Institut de physique est au cur de la ville et il semble que tous les chemins y mènent, rues, avenues, boulevards. Science galopante dans la trame urbaine...
Les disparitions et suicides sont le fait dune distorsion dans le fil des récits dun homme qui nest pas sans rappeler la figure homérique. Ce conteur dévide ses histoires comme le fil dune bobine et seul Albert parvient à faire le lien entre cet être mystérieux, lui-même et lauteur des disparitions. Car les disparus ne sont autres que les protagonistes oubliés de nos livres et aventures, comme le petit frère dont se rappelle subitement Albert.
Le roman - mais en est-ce vraiment un ? se joue de sa propre forme narrative, et les mots, comme les personnages, semblent vivre leur vie au gré de la plume potache de lauteur. Les jeux ne se limitent pas au sens des mots mais les transcendent en utilisant leur forme, jusquà la typographie. Entre calligrammes et amusements oulipiens, le livre prend forme dans cet univers fantastique où tout devient signifiant pour le lecteur, jusquà la matière même du livre, et le blanc de la page de papier.
La fraîcheur et la jeunesse de lécriture sont particulièrement sensibles à travers la description du couple que forment Albert Aïchtaïne et sa belle Hélène de Troie. Exception dans lunivers étrange du livre, cette histoire-là se déroule à peu près normalement et ramène à un Paris plus banal dans les dernières pages du roman.
Aude Bellin du Coteau relève donc avec brio le défi damuser le lecteur avec ses allusions érudites et ses jeux formels. Savon pensif, grâce à une certaine veine humoristique, évite lécueil du savant poncif. Avec une écriture enlevée et un sens de la variation assez prononcé, cette jeune étudiante en lettres signe un livre distrayant à souhait, trésor dintertextualité.
Amélie Rigaud ( Mis en ligne le 22/09/2004 ) Imprimer | | |
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