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Trois amazones boréales... | | | Majgull Axelsson La Maison d'Augusta JC Lattès 2005 / 20 € - 131 ffr. / 426 pages ISBN : 2-7096-2598-9 FORMAT : 14x23 cm Imprimer
Elles s'appellent Angelica, Alice et Augusta et sont liées doublement : par la généalogie d'abord tantes, grand-mère, petite-fille, nièce -, par la gravité de leurs destins ensuite... Liées aussi par un sanctuaire, cette bâtisse éponyme, scène de leurs malheurs, mais aussi leur refuge. Car la maison d'Augusta est un havre où toutes trois viennent panser leur blessure, les écorchures de la vie...
Dans cette Suède étirée ici sur un siècle, la condition féministe n'est décidément pas à son zénith. Comme le soleil septentrional, elle frôle l'horizon, trop timide et oppressée pour monter haut dans le ciel... Les grossesses accidentelles, les amours impossibles, les liaisons dangereuses ou avortées qui avec un père de famille qui pourrait être son propre père, qui avec un époux trompé et adultérin, qui avec un mari frappé de folie... - ponctuent ces trois vies, symboliquement tressées ensemble comme les chevelures abondantes et superbes de ces trois femmes en trois époques.
C'est un roman assurément féministe... et suédois, obéissant à un double déterminisme : celui de sexes en guerre plus qu'en symbiose l'homme est l'ennemi, soit-il cruel ou simplement absent ; celui d'une province suédoise, pétrie d'un socialisme acclimaté finissant comme ailleurs en friches et leurs fantômes, et apportant ses propres teintes grises à un milieu froid et humide, glauque en un mot.
D'où une peine à la lecture. Ce roman de 400 pages pèse entre les mains, non sans une certaine beauté... mais aux contours fragiles. Dans cette maison centenaire, encore chuchotante des histoires fantasmées par la doyenne Augusta, quand Alice, jeune, coiffait ses cheveux légendaires, les contes, évaporés, finissent par s'éteindre... Ce roman est ainsi le triple processus d'un douloureux désenchantement.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 17/06/2005 ) Imprimer | | |