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Se résoudre aux adieux
Brigitte Smadja   Le Jour de la finale
Actes Sud - Domaine français 2008 /  18 € - 117.9 ffr. / 179 pages
ISBN : 978-2-7427-7347-3
FORMAT : 11,5cm x 21,5cm
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Nous sommes à Aubervilliers, par un jour d’été, un jour peu ordinaire, puisque l’équipe de France doit affronter en finale l’Italie. Un lointain écho pour Marianne qui doit se rendre au mariage de son fils Simon. De son jardin, Maurice, voisin et ami, la surveille, devinant son désarroi. Réminiscence d’un passé oppressant, Marianne a cette crainte tenace de revoir le père de ses enfants, lui qui les a abandonnés sans mot dire.

Malgré les années, il erre tel un fantôme dans les murs de cette maison, la cuisine peinte en rouge, les glycines, il est là, la narguant de son absence. Et les reproches incessants ressassés, il est briseur de famille, briseur de vie. Non, ce samedi n’est pas un jour ordinaire, Maurice le sait, tout comme Béchir, le patron du café. Comment survivre après son départ ? Elle aurait dû fuir cette maison, comme l’ont fait ses enfants, jeter les souvenirs, faire place nette, mais elle ne peut se résoudre à en finir avec «son attitude de martyre silencieuse, de femme irréprochable, de mère parfaite».

Elle ne croit plus en grand-chose, elle végète ; est-ce son devoir maternel ou cette envie inavouable de le revoir qui la traîne, tel un automate, à l’église. Elle ne pense plus, son esprit est saturé de souvenirs ; marcher sans réfléchir, se diriger, affronter, et peut-être, au bout du chemin, trouvera-t-elle une réponse.

La rupture est cette marque indélébile qui, sous la plume de Brigitte Smadja, devient une quête de soi. Écrasante, mouvante, implacable, la douleur est lancinante, tenace, ne lâchant jamais sa proie. Car la douleur est lourde, comme l’atmosphère de ce livre, lourd en non-dits, en reproches. Il n’y a pas de pathos dans l’écriture de Brigitte Smadja, sa plume accompagne, se pose en observatrice… Elle suit la narratrice, telle une amie pleine de compassion. A l’image de cette journée lumineuse, l’écriture incandescente se dessine avec des contours harmonieux, en attendant que le papillon sorte enfin de sa chrysalide.


Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 05/05/2008 )
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