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La voix du passé et du présent
Eugène Green   La Reconstruction
Actes Sud - Domaine français 2008 /  18 € - 117.9 ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2742776887
FORMAT : 12X22 cm

Date de parution : 20/08/2008.
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Eugène Green est né en 1947 à New York ; il est un cinéaste, écrivain et metteur en scène. Son travail pendant vingt ans sur le théâtre baroque est résumé dans le livre La Parole baroque (Desclée de Brouwer, 2001). Il a fondé à la fin des années 1970 une compagnie de théâtre baroque, Le Théâtre de la Sapience, et a réalisé Toutes les nuits (2001), Le Monde vivant (2003) et Le Pont des Arts (2006).

La Reconstruction est son premier roman. L'intrigue est simple mais le roman se veut néanmoins profond par les thèmes évoqués. Un mystérieux visiteur allemand en quête de passé surgit dans le quotidien tranquille de Jérôme Lafargue, professeur de littérature à la Sorbonne. Cet homme s'appelle Johann Launer. Jérôme écrit alors dans son journal : «Un rendez-vous catastrophique ce matin avec un Allemand inconnu. Ce n’est pas un fou, mais un homme profondément malheureux, car il pense avoir découvert qu’il est un autre, dont il ne sait même pas le nom.»

Si Johann Launer espère dénouer le mystère de sa propre identité en fouillant dans la mémoire endormie de Jérôme Lafargue, c'est qu'il a de bonnes raisons. Il présente au professeur français une carte postale signée de sa main et une vieille photographie de lui et d'une jeune femme, qu'il a retrouvées dans les papiers de son père après sa mort. A Munich, en 1968, Jérôme Lafargue a effectivement rencontré et séjourné chez un certain Wenzell Launer, un veuf habitant seul. Son fils, alors étudiant, était à Tübingen. Mais aujourd’hui, Johann Launer n’est plus du tout certain d’être le fils de l’homme qui l’a élevé. C'est aussi à la même époque que Jérôme Lafargue a rencontré à Munich la jeune pragoise en fuite qui deviendra sa femme.

Cette histoire ne paraît pas "nouvelle" en termes littéraires mais peu importe car elle fait appel à des éléments clefs de l'identité humaine : comment passer par l'autre pour se constituer en tant qu'être humain à part entière. L'intrusion de cet homme réveille chez Jérôme Lafargue des souvenirs occultés. Elle lui fait redécouvrir son passé et l'éclaire d'un angle nouveau, lui permettant d´apprécier des choses qui, jusqu'alors, lui étaient indifférentes. Tout prend sens et ce passage du brouillard de la vie au sens de cette dernière est crucial. Le temps présent nous échappe pour constituer notre propre identité. Celle-ci n'est pas si transparente qu'on le croit. Surtout quand Jérôme reconstitue l’épisode qu’il a vécu à Munich avec Wenzell Launer. Car son fils Johann Launer se demande non seulement si son père est bien le sien mais ce qu´être père ou fils signifie quand on n´est pas du même sang.

Eugène Green, loin de l'autofiction et du nombrilisme littéraire en vogue, s'interroge sur des questions existentielles cruciales : la mémoire, le poids du passé, l'être et le temps, les mystères de la filiation, l’identité européenne, la culture dans un monde postmoderne... Le projet est ambitieux. L'écriture est simple et sans afféterie inutile. Néanmoins, c'est l'intrigue, ficelée trop rapidement, qui nous empêche de rentrer dans la chair des personnages qui, au fil de l’intrigue, ne paraissent pas assez creusés. Comme si l'auteur allait directement aux actions signifiantes, au lieu de nous y mener à tâtons, progressivement. Tout paraît trop clair.

Eugène Green aurait sans doute dû construire son texte avec plus d'épaisseur et d’ambiguïté ; on sent trop aussi l’efficacité de l’écriture scénaristique, trop présente dans le texte (notamment dans les dialogues). Fallait-il que Jérôme résume tout l'épisode de sa vie passée avec le père de Johann Launer ? Ne fallait-il pas laisser cela au lecteur, et que ce dernier reconstitue cet épisode parmi les fragments déjà épars dans la fiction ? Car certains éléments nous ont déjà été donnés et font donc redondance. Un premier roman certes agréable à lire, qui se situe d’emblée dans une perspective ambitieuse, mais qui reste inabouti.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 11/08/2008 )
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