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Carnets de l'écrivain - Tome II
Imre Kertész   L’Ultime auberge
Actes Sud - Babel 2019 /  8,70 € - 56.99 ffr. / 316 pages
ISBN : 978-2-330-12802-9
FORMAT : 11,0 cm × 17,5 cm

Première publication française en janvier 2015 (Actes Sud)

Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba (Traducteurs)

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Imre Kertész (1929-2016) est un écrivain hongrois, connu pour son roman Être sans destin (1975) qui décrit son adolescence dans les camps d'Auschwitz-Buchenwald, ensuite immortalisé par le prix Nobel de littérature en 2002.

Si nous avions conseillé Journal de galère en 2011 pour ses dimensions sensibles, stylistiques et littéraires (un carnet-journal où l'auteur montrait tout son talent de moraliste), nous sommes déçus par L'Ultime auberge qui pousse le genre jusqu'à l'artifice. Kertész passe ici du moraliste subtil des années 80 au diariste nombriliste des années 2000, lassant un lecteur peiné de lire un auteur qui vieillit mal (et qui semble en être conscient, obsédé par son propre déclin).

Chronologiquement, l'action se situe entre 2001 et 2009 (avec des redites de Sauvegarde, Journal 2001-2003 publié en 2012), c'est-à-dire au moment où l'écrivain relativement isolé jusque-là entre de plein fouet dans le système littéraire mondial avec le prix Nobel. Le monde se l'arrache alors et le diariste oscille entre les dîners mondains, les lectures publiques, les concerts classiques, les dédicaces festives, durant un nombre de voyages proprement hallucinant. En parallèle, il nous décrit l'état de sa santé (vieillesse ankylosante, Parkinson grandissant, dépression mélancolique) : Berlin, Francfort, Hambourg, Budapest, Paris, Barcelone, Gstaad, New-York ! Rien ne l'arrête et pourtant il se plaint, courant malgré tout le monde à 75 ans, en vivant de son écriture et en la diffusant à foison (il est traduit un peu partout en Europe) ; on adapte au cinéma son roman et il est invité de toutes parts.

Le drame d'un écrivain qui a vécu les atrocités de la guerre et qui, dans un journal assez illisible (entrecoupé des chapitres d'une ébauche de roman en train de s'écrire, L'Ultime Auberge), s'interroge sur son métier, la renommée et les mondanités qui semblent le dépasser, tout en exposant les détails d'une autobiographie finalement peu intéressants : ces heures nocturnes où il médite, ces descriptions de son état de santé, ces analyses géopolitiques sommaires ou la fréquentation de ses amis.

A cette époque, il écrit le Dossier K. dont il est fier puis déçu, tout en pensant à L'Ultime auberge (qui au final ne paraîtra qu'à l'état d'ébauche). Cela part dans tous les sens : Kafka, Nietzsche, Goethe, Les Juifs, Les Palestiniens, sa clavicule, sa dépression, sa robe de chambre, sa femme, son voisin... Tout est mis sur le même plan et plus rien n'a donc de sens. Le système éditorial, en érigeant un écrivain sensible à la plus haute distinction, l'a transformé en touriste littéraire pondant des banalités, parfois contradictoires - «Laissez moi tranquille avec Auschwitz», dit-il alors qu'on n'est pas loin du fond de commerce depuis 1975... - ou des confessions narcissiques peu frappantes.

«Le monde se prépare à détruire Israël et à exterminer les juifs qui restent. Indépendamment de cela, je vais mourir bientôt. J'ai de la peine pour mon oeuvre qui sombrera alors dans le néant... Ce journal... Et tout le reste, tout. J'ai tout raté. Je mène une vie stupide. Hier, dans un petit bistrot perdu de Rougemont (excursion avec les Koralnik), un couple de Suisses s'est levé de table pour me saluer - la dame m'avait reconnu. Elle avait été touchée par mes livres. Autrefois, j'écrivais des livres qui touchaient les gens...». Cet extrait, parmi les derniers paragraphes du livre, résume assez bien la pensée de l'auteur : délire interprétatif sur Israël, pessimisme exacerbé sur sa santé, fausse modestie sur le devenir de son oeuvre, mensonge sur sa vie ; seule un dernier espoir de lucidité subsiste sur son oeuvre passée (Journal de galère).

Cet opus est certainement de trop dans l'oeuvre autobiographique de Kertész. C'est décevant et bien dommage concernant un écrivain européen de cette importance.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 15/11/2019 )
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