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| Littérature -> Biographies, Mémoires & Correspondances |
| François Rivière Le Divin Chesterton
Rivages 2015 / 21 € - 137.55 ffr. / 216 pages
ISBN : 978-2-7436-3179-6
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm
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Il y a des écrivains dont l'existence est souvent plus intéressante que leur uvre. C'est un peu l'inverse avec Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), ce qui est quelque peu problématique à la lecture du livre de François Rivière (né en 1949) qui peine véritablement à nous convaincre de son intérêt ; surtout si l'on a lu l'autobiographie de Chesterton, L'Homme à la clef d'or, un récit bien plus dense et passionnant. L'homme de lettres a eu une existence assez paisible (malgré quelques voyages et conférences données un peu partout) ; ce qui compte aujourd'hui, c'est de percevoir au travers de son uvre romanesque, son merveilleux talent de compteur et sa finesse d'analyse.
Rivière, spécialiste de littérature policière, a voulu faire le portrait d'un écrivain iconoclaste à la manière d'un iconoclaste, en s'appropriant un destin qui le passionne tout en faisant un peu de fantaisie. Hélas, l'effet ne prend pas du tout ; le lecteur est victime d'un style sans relief qui parle de la vie d'un génie. L'écart est écrasant et le lecteur s'ennuie très vite de cette succession d'étapes somme toutes assez banales dans le destin de l'écrivain. On y parle de son embonpoint, de sa femme à la santé fragile, de son côté réactionnaire, de sa conversion au catholicisme, de ses relations avec ses amis intellectuels, de ses articles qui font parfois scandale et de sa production littéraire assez vertigineuse. Cela pourrait être passionnant mais le compte rendu qui en est fait est assez fade et l'on passe assez rapidement sur des événements peu pertinents parfois.
Retenons donc l'uvre de Chesterton, les Enquêtes du père Brown, nouvelles policières mettant en scène un prêtre espiègle et raffiné qui résout des crimes crapuleux ou de mystérieuses affaires ; quelques romans savoureux : Le Napoléon de Notting Hill (1904), Le Nommé Jeudi (1908)... ; et des essais très précis : William Blake (1909), L'Homme éternel (1925), L'Église catholique et la conversion (1926). Les nouvelles (nombreuses) mettant en scène le père Brown restent tout de même la grande uvre comique, policière et savante de l'auteur.
Chesterton est un merveilleux conteur de récits très imagés au style à la fois travaillé et très aisé, permettant au lecteur de se plonger dans des aventures policières où l'humour, l'ironie, le genre populaire, l'illusion, le réalisme sont des atouts narratifs rarement égalés. Bon vivant, Chesterton a mis sa bonne humeur au service de son talent, ce qui laisse à la postérité des uvres variées, parfois inclassables, qui ont passionné avant nous Kafka, Claudel, Borges... Il faut donc lire et relire Chesterton. En cela, cette première biographie française sur l'auteur anglais remplit son rôle prescripteur.
Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 01/05/2015 )
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