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Littérature  ->  Essais littéraires & histoire de la littérature  
 

Psychanalyse et manuscrits
Philippe Willemart   Critique génétique : pratiques et théorie
L'Harmattan - L'Oeuvre et la Psyché 2007 /  24 € - 157.2 ffr. / 278 pages
ISBN : 978-2-296-02859-3
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

L’auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de l’Université de Nottingham Trent (PhD). Membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS), cofondateur du site http://herveguibert.net/, il est aussi l'auteur, chez l'Harmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007).
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Si l’on sait que la psychanalyse entretient depuis longtemps des liens avec la littérature, l’on sait moins qu’elle s’est intéressée, depuis 1979, à l’étude des manuscrits, appelée critique génétique. Dans la lignée du travail de Bellemin-Noël, le présent ouvrage se veut le «résultat de recherches menées au Brésil au sein du Laboratoire du Manuscrit Littéraire, recherches qui avaient pour but de construire une théorie des avant-textes dans une perspective psychanalytique».

Comme le titre l’indique, l’ouvrage se divise en deux parties. La première, intitulée «Pratiques de la critique génétique», s’intéresse précisément aux manuscrits de trois auteurs, Flaubert, Proust et Freud, ainsi qu’à «l’histoire de la ville de Sao Paulo vue comme un manuscrit». Concernant Flaubert, Philippe Willemart nous entraîne d’abord dans l’écriture des incipit de Salammbô. Comparant différentes versions, il constate que ces incipit «sont un signe de la lutte entre le document et l’écriture, entre la mimésis et le poétique» qui fonde l’écriture flaubertienne. Ensuite, Willemart se penche sur «La construction d’un personnage dans L’Education sentimentale» en interrogeant l’inconscient du scripteur et il analyse, pour en terminer avec l’auteur de Madame Bovary, «Les multiples fonctions de l’image dans le manuscrit». Ainsi, chez Flaubert, l’image sert de point de départ «pour aussitôt être transformée en mots». Mais en ce qui concerne les images, plus précisément les dessins que produit l’auteur sur le manuscrit, en directe relation avec l’écrit dont ils constituent une représentation visuelle, ils ont pour fonction de guider le raisonnement et d’aider la pensée. A titre de comparaison, les dessins se trouvant dans les cahiers de Valéry ne sont pas en rapport avec l’écrit. Ils s’interprètent, eux, comme «une manifestation du mouvement de la pensée».

On retiendra aussi de cette première partie les riches analyses consacrées à Proust. Dans la première d’entre elles, l’auteur, ayant constaté «le désordre apparent» des cahiers proustiens, s’interroge sur la «logique sous-jacente à l’écriture qui explique des rapports implicites entre des folios qui se font face et qui à première vue n’ont aucun rapport entre eux». Il conclura que ce qui peut apparaître incohérent dans un dossier génétique a dû être, dans un état antérieur, cohérent. Mais c’est le travail de l’écrivain et sa pensée toujours en mouvement qui laissent au généticien cette impression d’instabilité. Enfin, se tournant vers Freud, Willemart cherche, entre autres analyses, à rapprocher la critique génétique de la théorie psychanalytique en étudiant un court extrait du chapitre VII de L’Interprétation des rêves dans lequel le père de la psychanalyse traite des répétitions. Comparant le travail de l’écrivain face à sa feuille au rêveur racontant son songe, il en vient à l’idée intéressante que «Freud pratiquait la critique génétique sans le savoir en voulant comprendre le travail du rêve».

La deuxième partie de l’étude nous plonge dans la «Théorisation de la critique génétique». Ici, Philippe Willemart retrace l’histoire de la critique génétique, révèle les facteurs qui ont contribué à sa naissance et montre en quoi la critique génétique a changé l’histoire de la littérature. Il est vrai que depuis son apparition, le regard du chercheur a été déplacé «du produit fini au processus qui inclut ce produit considéré comme l’une des versions». Ainsi, le «critique génétique découvre d’autres mondes ignorés du critique du texte.»

Une large place est aussi donnée à la rature, «phénomène extrêmement important du processus de l’écriture», qui est la marque de la présence d’une pulsion et de lutte. Suspendant l’activité de l’écriture, elle ouvre l’écrivain «à un monde merveilleux, fantastique ou tout au moins différent» que la psychanalyse permet de mieux appréhender. Enfin, l’auteur s’interrogera sur «comment se constitue l’écriture littéraire» et sur «comment encadrer la naissance de l’écriture». L’ouvrage, il faut l’avouer, est destiné à un public de spécialistes en sciences humaines : universitaires, chercheurs, enseignants, étudiants. Souvent dense et technique, il constitue un apport indéniable à ceux «soucieux de connaître les mécanismes de la pensée visibles dans l’écriture en train de se faire».


Arnaud Genon
( Mis en ligne le 22/11/2007 )
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