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Le grand macabre des Flandres
Michel de Ghelderode   Sortilèges
Gallimard - L'Imaginaire 2008 /  6.50 € - 42.58 ffr. / 223 pages
ISBN : 978-2-07-012208-0
FORMAT : 12,5cm x 19cm

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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On a un peu oublié Michel de Ghelderode. De son vrai nom Adhémar Adolphe Louis Martens, il est né à Ixelles en 1898, de parents flamands. Meurtri par l'attitude d'un père autoritaire et marqué par les récits terrifiants d'une mère superstitieuse et craintive, il est de santé fragile, handicapé par de fortes crises d'asthme. Il frôle la mort à 16 ans (typhus), thème qui hantera son oeuvre.

C'est en 1931 qu’il abandonne son patronyme pour devenir Michel de Ghelderode. Ses premières pièces seront jouées d'abord en traduction flamande par le Vlaamsche Volkstooneel. Il connaît un grand succès et est joué alors dans le monde entier. En 1943, paraissent ses derniers chefs-d’œuvre théâtraux : L’Ecole des bouffons et Le Soleil se couche.

Son théâtre se situe dans la lignée des théâtres hispaniques et anglo-saxons de la pré-Renaissance et de la Renaissance. L’auteur insiste sur la rupture qu’il tient à marquer avec le théâtre français classique ou contemporain. Auteur baroque, marqué par l'art flamand et des influences bouffonnes tenant parfois de la pantomime, de la marionnette et de la mascarade, il développe l'idée d'un théâtre de la cruauté, hanté par la mort, la maladie, le funeste. On le connaît surtout pour sa pièce de théâtre La Balade du Grand Macabre, écrite en 1934. Elle fut adaptée par le compositeur hongrois György Ligeti pour son unique opéra "Le Grand Macabre" (1975-1977).

Sortilèges est un recueil datant de 1941. Michel de Ghelderode en a écrit d’autres comme La Halte catholique (1922), L'Homme sous l'uniforme (1923), Voyages autour de ma Flandre (1947). A travers ces douze contes, curieux et macabres le plus souvent, Michel de Ghelderode recrée l'univers de ses pièces de théâtre. Avec un sens poétique certain, il aborde les thèmes qui lui sont chers : l’obsession de la mort, les ambiances où se mêlent l'imagination, la fantaisie et le rêve, des destins tragiques et morbides. Ce qui revient souvent ici est la façon dont le narrateur s’illusionne, hallucinant sur ce qu’il voit. A cette époque, l'écrivain avait d'ailleurs recours à la morphine pour calmer ses souffrances physiques et psychiques.

La première nouvelle, L'Ecrivain public, est explicite à cet égard. Fasciné par Pilatus, un mannequin de cire représentant un écrivain public des temps anciens et exposé dans la chapelle d'un ancien béguinage, le narrateur en vient à dialoguer avec cet étrange personnage. Une mystérieuse complicité s'établit entre eux. A un moment, le narrateur pense n'être pas allé voir le mannequin de cire...

Michel de Ghelderode ne cesse d'étudier cet étrange mécanisme hallucinatoire qui envahit l'imaginaire humain, avec des intrusions évidentes dans le fantastique, voire le grotesque. Que ce soit dans Le Diable à Londres où le narrateur croit rencontrer le diable en personne ou Tu fus pendu où le narrateur, attiré par l'auberge à l'enseigne de la petite Potence, se retrouve plongé dans le passé d'une bourgade de Flandre et reçoit la révélation de son propre passé, il s'agit toujours de vivre quelque chose qui n'a visiblement pas réellement lieu. C'est bien le sens du mot sortilège (l'une des nouvelles porte ce titre) qui, à la fois, évoque un artifice de sorcier, un charme maléfique mais aussi une influence qui semble magique.

Enfn, une nouvelle étonnante et crépusculaire "en diable" : Le Jardin malade, peut-être la plus belle et la plus énigmatique. Le narrateur s'installe avec son chien au rez-de-chaussée de l'ancien hôtel de Ruescas, énorme cube de silence et d'ombre prolongé par un vaste jardin en friche. Dans son journal, il livre le récit oppressant d'une lente agonie : celle des êtres hors du commun qui abritent leur désarroi au sein de cette bâtisse décrépite, à moins que ce ne soit le lent pourrissement des lieux eux-mêmes…

D'une belle écriture, claire et simple, solidement structurée, Michel de Ghelderode évoque tout un univers poétique et macabre, à certains égards successeur d’Edgar Poe. Des nouvelles à découvrir, qui nous initient aussi au charme mystérieux et macabre des Flandres…


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 17/12/2008 )
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