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Hors du monde
Pierre Bost   Un an dans un tiroir
Le Dilettante 2010 /  14 € - 91.7 ffr. / 124 pages
ISBN : 978-2-84263-188-8
FORMAT : 12cm x 18cm
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Romancier, journaliste, scénariste de talent (on lui doit, entre autres, les scénarios et dialogues avec Jean Aurenche de La Traversée de Paris et de La Jument verte), Pierre Bost (1901-1975) a traversé un long purgatoire, dont les éditions du Dilettante le sortent aujourd’hui en publiant, après Porte-Malheur (2009), Un an dans le tiroir.

C’est l’occasion de (re)découvrir un auteur discret sur un sujet assez peu traité : l’emprisonnement durant la Seconde Guerre mondiale dans les camps de prisonniers militaires, les stalags (la maquette du livre utilise pour la couverture un montage des timbres édités pendant la guerre en souvenir des prisonniers de guerre). Mobilisé en avril 1940, Pierre Bost, après avoir été fait prisonnier à Chateaubriant le 19 juin, a été détenu dans un stalag de Prusse Orientale pendant un an ; il est libéré, pour raisons médicales, le 30 juin 1941. C’est durant ces douze mois de détention qu'il a jeté, au quotidien, ces notes sans souci de démonstration. Le texte en sera publié en 1945 dans la revue La Nef puis chez Gallimard. Après la guerre, Pierre Bost va essentiellement travailler pour le cinéma avec Jean Aurenche. Bertrand Tavernier avait confié au duo l’écriture de L’Horloger de Saint Paul ; il a surtout adapté le très beau roman de Pierre Bost, Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, dans un de ses plus beaux films : Un dimanche à la campagne.

Un an dans le tiroir refuse tout pathos, il décrit simplement la vie au jour le jour, la mise à l’écart de l’événement dans le milieu particulier de la captivité. Temps entre parenthèses, conditions de vie neuves, apprentissage de la faim, de la vie au camp, au milieu des autres, du sentiment d’être du bétail. Une réflexion sur la défaite et ses modalités : «Il n’est pas discutable, et les résultats derniers de cette guerre ne changeront rien à cela, il n’est pas discutable que la France soit diminuée moralement ; elle a perdu quelque chose, elle a déçu, elle n’a pas le droit d’être fière ; elle a perdu, pour un temps et d’une certaine manière, quelque chose qu’on appelle l’honneur» (p.39). Pour autant, Pierre Bost n’abandonne ni sa «francophilie» (il ne parle pas de patriotisme) ni sa confiance dans l’avenir : «C’est à chaque Français de reconstruire sa réputation». On est loin de toute déclaration tonitruante. Pas de portrait des autres, pas d’anecdote, mais une réflexion au jour le jour, au fil de la pensée sur l’espérance, l’espoir, les «leçons de l’expérience», l’indifférence, la nature humaine.

«Je n’ai rien connu, il est vrai, de la vie de guerre et de ses souffrances ; mais j’ai connu la caserne et la captivité, ce qui faisait un changement d’existence à peu près total. Or je n’ai reçu de cette vie nouvelle et souvent dure aucun bienfait, ni même, à bien dire, aucun enseignement. L’expérience me paraît inutile».

Le texte d’un homme élégant, sans grandes illusions sur le monde et les hommes («L’homme n’est pas naturellement bon. Il est naturellement égoïste, cupide, envieux, et, avant tout, vaniteux» - p.46), sans concessions inutiles, mais sans jugement non plus ; le texte d’un observateur lucide, lointain héritier de Montaigne, qui se clôt sur un constat «(…) l’espérance n’est jamais tenue de faire ses preuves. Elle est en l’homme, et de l’homme. Et elle n’est guère - mais tout est là - qu’une espérance de soi-même»...


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 05/03/2010 )
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