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Croc-Noir
Jack London   Les Morts concentriques
Panama - La Bibliothèque de Babel 2008 /  21 € - 137.55 ffr. / 145 pages
ISBN : 978-2-7557-0343-6
FORMAT : 12cm x 22cm

Préface de Jorge-Luis Borges.
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Fidèle à sa démarche éditoriale, Borgès nous propose dans cette édition quelques nouvelles symptomatiques du talent de Jack London (1876-1916). Même si l’on n’a jamais lu London, on devine que, chez lui, les espaces sont grands, la nature, imposante, et l’aventure, permanente. Borgès, en réunissant cinq nouvelles très différentes les unes des autres, a voulu montrer l’étendue du talent littéraire de l’écrivain américain qui a su jongler entre les genres policiers, fantastiques, ou encore les romans d’aventure. Sa vie se mêlant inexorablement à son œuvre, il est difficile de définir London : Journaliste, écrivain, aventurier, politique ; bref, ses diverses casquettes lui permettent de vivre pleinement. Ce qui le conduira au suicide... C’est résumer un peu brutalement la destinée d’un être, mais, de fait, les excès d’un homme peuvent le conduire à un silence brutal…

Les Morts concentriques donne le ton avec un désespoir lucide et visionnaire sur le système libéral qui prenait, en ce début de XXe siècle, la forme qu’on lui connaît aujourd'hui, déjà corrompu par l’hystérie de la productivité industrielle. A l’heure où l’on spécule médiatiquement sur la spéculation financière, il est saisissant de voir que London dresse, cent ans plus tôt, un constat terrible sur les fondations mêmes du capitalisme mondial ! En ce début d’ère moderne, il a vu que le système conduirait à l’exécution pure et simple du moindre concurrent, et même si la nouvelle est une parabole édifiante sur ce monde abject, les tenants et les aboutissants en sont pour le moins très clairs. Un petit bijou qui distille un message d’autant plus fort qu’il passe par une fiction policière et psychologique. London signe là une véritable œuvre prophétique en jouant des codes instaurés par le maître, E.A. Poe !

Les autres textes sont moins aboutis mais restent tout à fait intéressants : L’Ombre et la chair campe deux frères allant jusqu’à s’entretuer au nom d’une quête scientifique quelque peu artificielle. La Loi de la vie est une sentence sombre et douloureuse sur le renouvellement des générations chez d’anciennes tribus du Nord des États-Unis. Un vieil homme, ayant fait son temps, est abandonné dans la neige par les siens et dévoré par les loups. Il réfléchit à sa vie, et intègre le fait qu’il a agit de même avec ses aïeux et que son temps est donc venu ; telle est la loi implacable de la Nature. Il mourra apaisé malgré les crocs des carnivores affamés ! La Maison de Mapouhi est, aussi, une fable sur la nature. Alors que s’exerce un commerce de perles dans une île du Pacifique, un gigantesque tsunami anéantit une population entière. London décrit le cauchemar physique et moral de cette population dévastée par les flots avant de montrer la cupidité des uns et des autres malgré la catastrophe ; à moins que cela ne soit la simple survie humaine qui prenne le dessus sur la tragédie.

La Face perdue est un véritable cauchemar. Un homme est capturé par ses ennemis et assiste à la torture de son compagnon de fortune. Il sait qu’il sera le prochain à endurer cette abomination ; il réussit par un subterfuge à éviter une souffrance inéluctable tout en acceptant sa fin imminente. Cette nouvelle tout à fait prenante a été adaptée par Eric Barbier dans les années 80, dans un court métrage qui a su très bien restituer l’atmosphère absolument terrifiante de la guerre et les tortures d’une brutalité sans nom infligées aux condamnés. Un bel hommage à London est ainsi rendu dans ce film.

Cinq nouvelles pour tenter de rentrer dans le monde pour le moins exotique de London qui a aussi bien connu la prospérité que la pauvreté la plus humiliante. C’est peut-être ce qui explique l’éclectisme de son œuvre et de son écriture, s’aventurant toujours au plus profond d’êtres eux-mêmes confrontés à des situations peu banales voire extrêmes.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 08/10/2008 )
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