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| Littérature -> Poésie & théâtre |
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Un univers poétique au charme indéniable | | | Erri De Luca Aller simple
Gallimard - Du Monde Entier 2012 / 16,50 € - 108.08 ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2-07-077581-1
FORMAT : 14,2 cm × 20,5 cm
Danièle Valin (Traducteur)
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Ce nouveau recueil de poésies dErri De Luca satisfera sans aucun doute ses admirateurs ; lauteur italien y développe avec talent ses thèmes de prédilection que sont le voyage, lenfermement ou encore le travail du corps. Lédition bilingue, rendue presque nécessaire par lemploi du genre poétique, permettra de restituer à certains la justesse du texte original.
Aller simple est le titre du texte le plus imposant de ce recueil, consacré au périple dimmigrés africains voguant vers les côtes européennes. Le poète sidentifie alors à ces individus fuyant une terre qui nest plus la leur pour rendre compte de leur détermination et de leur désespoir. Il sappuie pour cela sur une description sensorielle de lenvironnement hostile qui les entoure ; la pensée de limmigré est davantage traduite par le biais dune moralisation du sensible que dune véritable réflexion, ce qui rend lidentification dautant plus crédible.
Il est difficile de décrire le reste du recueil tant les thèmes abordés sont divers ; on passe de sujets sérieux tels que le nazisme ou le conflit yougoslave à des poèmes légers traitant des rapports amoureux. Cest dailleurs peut-être dans ce dernier domaine que le poète parvient le mieux à rendre compte de son talent littéraire.
Si lintérêt poétique de ce recueil semble indéniable, certains lecteurs risquent dêtre troublés par son contenu politique. Aller simple nous confronte aux limites dune poésie militante qui délaisse parfois la mission de compréhension du réel pour se complaire dans lesthétisation dune posture romantique. Il en est ainsi de la première suite de poèmes consacrés à limmigration qui, malgré la réussite du procédé didentification aux pauvres Africains, ne permet pas de véritable compréhension du phénomène migratoire ; le thème de leffacement des frontières démontre la facilité avec laquelle le tiers-mondisme gauchiste du poète peut se conjuguer avec lidéologie libérale.
Cette dimension politique est également présente dans le reste du recueil, avec des poèmes dédiés aux figures militantes dErnesto Che Guevara ou Paolo Persichetti, ancien compagnon de lutte des années de plomb incarcéré en Italie. Ces deux poèmes renouent avec lun des aspects les plus antipathiques du mouvement gauchiste : la plainte des terroristes qui nassument pas les conséquences dune guerre quils avaient pourtant ouvertement déclarée (plainte rendue dautant plus ridicule par le parallèle opéré dans le recueil avec le nazisme).
Mais il convient de reconnaître, malgré cet aspect peu reluisant de loeuvre dErri De Luca, le charme indéniable de son univers poétique.
Antoine Robineau
( Mis en ligne le 20/08/2012 )
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