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Littérature  ->  Poésie & théâtre  
 

Saveurs de l'absurde
Rémi De Vos   Débrayage - suivi de Beyrouth Hotel
Actes Sud - Papiers 2008 /  15 € - 98.25 ffr. / 112 pages
ISBN : 978-2-7427-7568-2
FORMAT : 15,0cm x 20.5cm
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Rémi De Vos propose ici deux pièces de théâtre qui toutes deux ont déjà été créées et mises en scène. Leur point commun est une atmosphère légèrement absurde, mais de ces absurdités qui ont la simplicité et la froideur du réalisme. Donc, point de fioriture dans ces épisodes de vie caractérisés par des personnages qui semblent avoir perdu toute caractéristique identitaire, à l’exception du genre sexuel et de leur place socio professionnelle. Le vide sidéral qui semble les envahir est comme le reflet d’une société contemporaine qui sacralise l’individu dans sa seule capacité à conserver une place dans l’univers impitoyable du travail et de l’entreprise ; sans ce sésame, ils errent dans un «no man’s land» social qui les confine dans une dévalorisation de soi. La folie guette, prête à s’emparer de leur lucidité.

Débrayage est une succession de scènes, souvent des échanges entre deux personnages ; de temps en temps s’intercalent des scènes où un unique individu, dans une solitude extrême, se répand dans un long monologue. Les dialogues sont brefs et cinglants comme si la tension habitant les personnages devait être expulsée sans délai. La détresse qui se dégage de leurs mots semble si intense, par moments, qu’elle déborde en pensées orageuses. Déversant le tréfonds de leurs angoisses, de leurs dégoûts et de leurs espoirs, les phrases coulent en flots intarissables, s’évanouissant dans un néant cocasse, comme si les personnages interpellaient un monde indifférent ; l’absence de réponse ne laisse place qu’à l’insignifiance de l’écho de leurs mots, mais cherchent-ils nécessairement une réaction extérieure ? Leur seule motivation ne réside-t-elle pas dans le besoin vital de décharger l’humus émotionnel depuis trop longtemps en putréfaction dans leur corps ? Le lecteur et très certainement le spectateur, reçoit leurs réflexions comme une interpellation intime qui vient alimenter nos propres doutes quant à notre place dans la société et les non sens qui construisent notre existence. Ainsi de scène en scène, de la peur de perdre son travail aux démarches infructueuses pour en trouver, les personnages parlent de leur incapacité à se respecter, à s’aimer et à défendre leur identité. Ils ont perdu tout l’orgueil qui permet de dire «merde» aux entités peu scrupuleuses qui dirigent et décident de leur avenir. L’auteur revendique ainsi l’absurdité galopante de la valeur travail. Débrayage est véritablement saisissant et scrupuleusement écrit.

Beyrouth Hôtel met en scène une jeune fille et un homme d’une cinquantaine d’années. Elle est réceptionniste de l’hôtel dans lequel lui, écrivain et metteur en scène, séjourne pour un hypothétique rendez-vous qui jamais n’a lieu. Ce huis clos ne se déroule que dans le hall d’un hôtel de Beyrouth. Le client français dévoile, peu à peu, la situation difficile qu’il traverse, presque une crise identitaire. Il téléphone régulièrement à sa femme mais ne parle finalement qu’à un répondeur. Il confie à la machine sa solitude et l’incompréhension de la séparation. Dans un premier temps, la réceptionniste, discrète et d’une amabilité commerciale, s’émancipe et questionne sans gêne le client, dans un second temps. Elle s’autorise (volontairement ou par naïveté ?) à pousser l’homme dans ses retranchements et le mettre face à ses contradictions.

Les dialogues incisifs, courts, donnent une énergie et une pureté dans le déroulement de l’histoire. Les rares allusions au Liban mettent en exergue les représentations rédhibitoires que l’Européen est capable d’entretenir dans son imaginaire, au point d’en être totalement ridicule quand il les exprime, telles des évidences, à la population locale. Beyrouth Hôtel est tout aussi passionnant que la première pièce.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 26/08/2008 )
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