| Douglas Coupland Joueur_1 Au Diable Vauvert 2011 / 20 € - 131 ffr. / 312 pages ISBN : 978-2-84626-348-1 FORMAT : 13,1cm x 21,7cm
Rachel Martinez (Traducteur) Imprimer
La fin du monde ou presque, comme si vous y étiez, vue depuis le bar dun hôtel daéroport
Voici la trame du nouveau roman de Douglas Coupland (Generation X, Microserfs...). On quitte les ambiances geeks et les éditeurs de logiciels révolutionnaires pour un quotidien à peine plus glauque, celui de quelques laissés pour compte confrontés, ensemble, à la catastrophe.
Car dans ce bar, un peu minable, tenu par Rick, ex-alcoolique échoué là en attendant un gourou et un avenir, on croise Luke un pasteur qui a perdu la foi et piqué la caisse de son église -, Karen qui cherche lamour ou du moins un partenaire, et qui a traversé tous les États-Unis pour cela -, Warren lhypothétique partenaire en question -, Rachel enfin, la jolie Rachel, dont les divers troubles neurologiques font dire à son père, et à son entourage, quelle est un robot, Rachel qui est venue trouver dans ce bar un géniteur pour son enfant, manière de démontrer son humanité à lunivers
Mais au dehors, la réalité semballe : le cours du pétrole flambe, 180, 250, 900 dollars le baril
une usine chimique explose, répandant un nuage de particules dangereuses
un homme, quelque part, tire sur tout ce qui bouge
Le monde bascule brutalement dans la folie, et pour les naufragés du bar, la seule solution réside alors dans le dialogue, lentraide, la fin dun individualisme qui les isolait. Le radeau de la Méduse, échoué sur le tarmac dun aéroport
Il démarre fort, ce nouveau roman, porté par une idée originale le monde perçu, ponctuellement, par Rachel et son alter ego numérique et une idée plus banale lapocalypse vu par quelques participants
Il démarre fort avec un Douglas Coupland très à laise dans son élément, la présentation de personnages faussement banals, et le récit, amusant, de leurs interactions
Coupland a lart de la formule ironique et de la discussion incongrue, de la mésaventure bizarre ou du détail qui tue.
Discutons donc, dautant que les péripéties senchaînent et que le petit bar fait peu à peu figure de havre pour une population qui fuit lanthrax et le nuage toxique : on discute de foi, damour, dhumanité et de souris blanches, despoir et de manipulation. On philosophe avec gravité, on pontifierait même un peu. Progressivement, le huis clos rentre dans ses marques et lintérêt sépuise
Car le récit senlise un peu, en dépit des ruptures de ton et des considérations de Rachel
Passées les premières minutes de tension (nouvelles affolantes, lumières qui flanchent, télévision en panne
) et la catastrophe initiale, les discussions tournent en rond et chaque personnage se retrouve finalement confronté à sa propre vacuité, et aux divers moyens dont il use pour la combler (foi, rituels divers, alcool, sexe
).
Un cru moyen, donc, pour un Douglas Coupland quon a connu plus inspiré et plus primesautier (JPod)
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 30/09/2011 ) Imprimer
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