| Philip Roth Le Rabaissement
Gallimard - Folio 2013 / 5,95 € - 38.97 ffr. / 140 pages
ISBN : 978-2-07-045044-2
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication française en septembre 2011 (Gallimard - Du Monde entier)
Marie-Claire Pasquier (Traducteur)
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Un roman court 140 pages qui aurait pu être une nouvelle, où Philip Roth ressasse ses obsessions personnelles, sur le vieillissement, source du rabaissement éponyme (titre français, la traduction littérale du titre original - The Humbling - renvoyant plutôt à l'idée d'humiliation), la perte de ses moyens, trahi par son corps. Le Rabaissement fait partie des courts textes que l'auteur rassemble sous le terme générique de ''Némésis''.
La trajectoire d'un acteur américain glorieux autrefois, aujourd'hui en plein déclin. Simon Axler, célébrité du théâtre, acteur aperçu sur grand écran aussi, traverse une grave crise existentielle, un doute irrépressible se traduisant par l'impossibilité de jouer, et un séjour en hôpital psychiatrique. A 60 ans passés, le démon du suicide le hante depuis que son ''daimon'', le génie créateur, l'a abandonné.
Amour, mort. Au spectre du néant vient se coudre en mots celui de la vie, du corps, d'une sexualité qui a encore ses mots à dire. Roth déplore les ravages du temps qui passe et leur oppose, comme souvent, le sursaut d'une sexualité juvénile. Que Simon exprime et explore ici avec une femme plus jeune que lui et qui, comme lui, aime les femmes. Pegeen, fille d'un couple d'amis, acteurs comme lui, lesbienne, universitaire, tombe sous son charme et se laisse tenter par une relation plus ''normale''. Quoique... Au tabou sur l'homosexualité, elle vient superposer celui d'une relation déséquilibrée par la différence d'âge, et quelques fantasmes : ménages à trois, etc.
Avec Pegeen, Simon reprend confiance en lui et parvient à mettre entre parenthèses cette chute effroyable qui est aussi le cours des choses. Quelle issue ? Simon refuse, et refusera encore de se laisser emporter le long de cette pente... La loi de la vie est dure, mais c'est la loi, pourtant.
On regrette évidemment que le roman soit si court et renoue encore avec les lubies des romans précédents. Ces histoires d'hommes en fin de course et de leurs chants de cygnes composent certes comme l'épilogue logique d'une uvre entièrement tournée sur soi-même et les différentes crises que peuvent traverser des hommes tels que les personnages/miroirs que Philip Roth met en scène : l'identité, la norme, la vie, la maladie, la mort. Et le sexe, et le sexe et le sexe... qui incarne et synthétise le tout.
On préfère l'auteur quand il radote moins et que ces romans sont plus amples, quand, aux humeurs parfois lourdes de l'égotisme s'ajoutent des considérations plus larges sur le monde tel qu'il va, la société qui nous entoure, les impasses de la modernité. Ici, rien de cela. Cet homme lutte contre sa propre chimère et, comme souvent au théâtre, il ne la vaincra pas.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 05/04/2013 )
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