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L’''obscure nation''
Stephen Carter   Un roman américain
Pocket 2013 /  10,50 € - 68.78 ffr. / 794 pages
ISBN : 978-2-266-23086-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

M. G. Hovnanian (Traducteur)

Première publication française en janvier 2012 (Robert Laffont)

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Stephen Carter (né en 1954), américain, juriste, professeur de droit à l’université de Yale, auteur d’essais, est également romancier. Après Échec et mat (2003) et La Dame noire (2009), Un roman américain est son troisième roman. Comme les précédents, il se passe dans la riche communauté noire ouverte sur l’ensemble de la société américaine, ce qui en soi n’est pas fréquent, les romanciers choisissant plutôt en général ou les milieux pauvres ou la communauté noire analysée en espace clos. Stephen Carter fait revivre pour ses lecteurs - au prix de très légers anachronismes dont il s’explique dans une note finale (en fait, les grands salons de Harlem ont plutôt brillé dans les vingt années précédentes) - l’élite de Harlem dans les années 1950.

Il décrit toute une société en pleine ascension économique, qui jouit de sa prospérité et participe pleinement au rêve américain. Le roman commence en 1954, et d’emblée ouvre sur les deux héros dont le lecteur va suivre les vies pendant 20 ans : Edward Trotter Wesley Junior, fils de pasteur, ambitieux, qui cherche à tout prix à devenir un auteur célèbre et un analyste de l’«obscure nation», pour reprendre la façon dont il définit la communauté noire ; et Aurelia, jeune journaliste venue de Cleveland, courtisée par Kevin Garland, fils d’une des grandes familles harlémites. Stephen Carter pose le sujet dès les premières lignes : «Si Eddie Wesley avait été un homme moins dévoué, il n’aurait jamais trébuché sur le cadavre, ni suivi la trace de Junie, jusque dans le Tennessee, ni pris les démons au collet et contribué à renverser un président».

Pendant près de 800 pages, Stephen Carter démonte une intrigue complexe, les fils d’un complot contre l’Amérique posé dans le prologue - de la guerre froide à la fin de la guerre du Vietnam ; il multiplie les fausses pistes, les rebondissements, il fait revivre la violence des années 60 sous toutes ses formes. Eddie Wesley mène une enquête désespérée et acharnée, obsessionnelle, pour retrouver sa sœur Junie, excellente juriste, qui a disparu un jour sans laisser de traces… On croise le FBI, Joseph Kennedy et ses fils John et Bob, d’inquiétants hommes de main, dans l’ombre portée de John Le Carré.

Les préoccupations des personnages sont celles de puissants appartenant à une élite, sûre d’elle et de ses compétences et qui cherche à tenir le rôle qui doit lui revenir. Harlem décline doucement, peuplée de fantômes, tandis que ses enfants brillants vont habiter des banlieues prospères, enseigner dans les universités, se mêler sans complexes à la population blanche. Les clubs et salons qui ont soudé la société harlémite perdent leur influence.

Le lecteur traverse ainsi à grandes brides vingt années d’histoire américaine vues depuis les élites noires : les premières années de revendication pour l’égalité des droits civiques, le Sud et le Klan, Washington capitale et symbole de la démocratie, et les agissements qui se trament dans l’ombre du Capitole, deux présidents : Kennedy et Nixon… Derrière la trame romanesque des amours contrariées d’Aurelia et Eddie, se joue toute l’histoire des trente glorieuses et d’un rêve américain alors à son apogée.

On retrouve dans ce troisième roman des aspects des précédents : le milieu décrit, les personnages, le thriller… On ne peut s’empêcher de penser qu’il gagnerait à s’alléger de longueurs inutiles ; cependant le récit reste prenant et se lit aisément. Un roman américain : le titre renvoie tout autant à la Pastorale américaine de Philip Roth qu’aux ambitions des écrivains américains des années 40/50, de la génération de Dos Passos, celle d’écrire un roman «total». Stephen Carter peut s’affirmer comme le romancier d’une autre Amérique noire, celle dont on ne parle jamais, celle qui ressemble absolument à l’Amérique blanche, dont elle partage les préoccupations, les expériences et l’appétit pour le pouvoir.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 25/02/2013 )
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