L'actualité du livre Jeudi 25 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Entretiens  
 

Entre Urban Fantasy et Steampunk
Entretien avec Cassandra Clare - La Cité des Ténèbres - Les Origines. Tome 1 : (L'Ange mécanique, Pocket Jeunesse, Novembre 2012)


- Cassandra Clare, La Cité des Ténèbres - Les Origines. Tome 1 : L'Ange mécanique, Pocket Jeunesse, Novembre 2012, 537 p., 18.15 €, ISBN : 978-2-266-21802-3

Imprimer

Rencontre avec Cassandra Clare, l'une des grandes prêtresses américaines de l'Urban Fantasy avec sa célèbre série La Cité des ténèbres qu'une préquelle vient maintenant compléter. Les amateurs ont certainement découvert L'Ange mécanique, paru en novembre 2012 chez Pocket Jeunesse, premier volume sur les trois que devrait compter La Cité des ténèbres - Les Origines. La romancière nous répond ici sur la genèse de sa saga et les particularités du monde fantastique qu'elle a imaginé.


Parutions.com : Après les quatre premiers volumes de La Cité des ténèbres (The Mortal Instruments), L'Ange mécanique vient de sortir en France. C'est le premier opus de la série La Cité des ténèbres - Les Origines (The Infernal Devices). Vous y situez l'action dans le Londres de la fin du dix-neuvième siècle alors que vos autres romans ont surtout le New York d'aujourd'hui pour décor. Pourquoi ces deux villes et ces deux époques ?

Cassandra Clare : Tout d'abord, j'ai toujours voulu écrire un livre qui se passe à l'époque victorienne et puis Londres est l'une de mes villes préférées. Je savais que ce décor me fournirait un matériau formidable à partir duquel travailler. L'idée de départ pour La Cité des ténèbres m'est venue à New York. Je voulais écrire quelque chose qui associerait des éléments que l'on trouve traditionnellement dans la High Fantasy – une lutte épique entre le bien et le mal, des monstres effrayants, des héros courageux, des épées magiques – à des espaces modernes et urbains. Cela a donné les Chasseurs d'Ombres, des guerriers très classiques qui suivent leurs traditions millénaires mais vivent dans un univers de gratte-ciels, d'entrepôts, d'hôtels abandonnés ou de concerts de rock. Dans les contes de fées, c'est la forêt sombre et mystérieuse à l'extérieur de la ville qui bruisse de magie et de danger. Dans le monde que je voulais créer, la ville avec sa beauté étrange et ses propres enchantements, dangers et mystères remplacerait la forêt. Pour moi, cette ville était tout naturellement New York.

Parutions.com : Les deux villes sont cependant davantage que de simples décors. Quel rôle jouent-elles ?

Cassandra Clare : Un rôle différent dans chacune des deux séries. Dans La Cité des ténèbres, Clary se considère comme une New-yorkaise pure souche. La ville lui est familière, elle a l'habitude de l'arpenter. Lorqu'elle prend conscience de l'existence du monde obscur, elle doit reconsidérer sa vision car soudain elle voit une autre dimension de New York, inquiétante cette fois. Pour Tessa, il en va autrement. Lorsqu'elle arrive à Londres, elle doit tout à la fois se familiariser avec la ville et le monde obscur. Dans l'Angleterre victorienne, le système de classe sociale était très rigide et Tessa doit en même temps assimiler la façon dont ce système fonctionne dans la société des Chasseurs d'Ombres et dans celle des terrestres.

Parutions.com : Au départ, La Cité des ténèbres devait être une trilogie s'achevant avec Le Miroir mortel. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis et comment avez-vous réussi à relancer l'intrigue ? En quoi ce nouveau cycle, qui comptera lui aussi trois romans, est-il différent du premier ?

Cassandra Clare : En effet, Le Miroir mortel devait clore La Cité des ténèbres. Deux choses ont modifié mon idée première. Tout d'abord, j'avais écrit l'intrigue pour un roman graphique centré autour du personnage de Simon et de ce qui lui arrivait après Le Miroir mortel, ce qui explique d'ailleurs pourquoi j'avais laissé autant de points d'interrogation à la fin de ce roman (où se trouvait le corps de Sebastian ? Qu'allait devenir la vie amoureuse de Simon ? La menace de la reine de la cour des Lumières allait-elle avoir des conséquences ?…). Ce projet de roman graphique n'a pas abouti et j'avais donc à disposition une intrigue que je ne savais pas comment utiliser car elle n'était pas suffisamment étoffée pour que je puisse en faire un roman traditionnel. À l'époque, je m'étais mise à écrire L'Ange mécanique et la façon dont les événements s'y mettaient en place m'a donné une autre idée. Ce nouveau personnage de méchant et ce nouveau conflit seraient liés aux personnages de La Cité des ténèbres et au scénario du roman graphique. J'ai toujours aimé les histoires où le passé lointain vient éclairer le présent. Mais je n'arrivais pas à voir plus loin et à écrire ce roman autour de Simon.
Lors d'une retraite d'écrivains au Mexique à laquelle je participais, j'ai compris en discutant avec les autres qu'en fait l'histoire à laquelle je pensais était beaucoup plus importante que ce que j'imaginais. Elle n'incluait pas seulement Simon mais tous les personnages de La Cité des ténèbres ce qui signifiait aussi que ce roman ne pouvait être que le début d'une autre trilogie les rassemblant.

Parutions.com : Les trois premiers opus de La Cité des ténèbres - La Coupe mortelle, L'Epée mortelle et Le Miroir mortel - font référence à trois instruments magiques. À quels mythes et légendes faites-vous allusion ?

Cassandra Clare : La légende du Graal et l'imagerie du tarot pour la coupe qui est également un symbole de foi ; or la foi est primordiale chez les Chasseurs d'Ombres. L'épée mortelle fait partie d'une longue tradition fictionnelle, historique et mythologique. Il y a des épées tellement célèbres que nous connaissons leur nom, Excalibur pour Arthur, Durendal pour Roland, Crocea Mors pour Jules César ou encore Balmung pour Siegfried, pour n'en citer que quelques-unes. La mienne est directement inspirée de la Bible. Maellartach est censée être l'épée qui dans la Genèse sépare l'homme du Paradis, en théorie. C'est aussi pourquoi j'ai intitulé l'un des chapitres «À l'Est d'Eden».

Parutions.com : Il y a en effet dans La Cité des ténèbres de nombreuses références à la Bible mais aussi à Dante ou à Milton. Quelle est l'influence de ces textes fondateurs sur votre écriture ?

Cassandra Clare : Le Paradis perdu et L'Enfer constituent l'une des bases des romans mais je ne voulais pas m'appuyer sur la seule mythologie religieuse occidentale. J'ai vraiment lu énormément de choses sur les mythologies du monde entier, en particulier tout ce qui concerne les bons et les mauvais esprits. Je voulais représenter une grande variété de démons, il y en a donc des japonais, des indiens, des tibétains et bien d'autres, en plus de ceux que j'ai imaginés. J'ai également fait beaucoup de recherches sur les anges et les anges déchus. Raziel par exemple, parfois appelé l'ange des secrets, vient de la tradition kabbalistique juive ; il aurait donné à Adam un livre contenant les secrets de la sagesse dans le jardin d'Eden, et il me semblait tout à fait convenir pour tenir le rôle de l'ange qui aurait remis le Livre Blanc au premier Chasseur d'Ombres. Dans la mythologie, les Nephilim sont nés de l'union d'humains et d'anges ; il s'agit là d'un mythe que j'ai adapté un peu plus librement pour qu'il serve au mieux mon propos.

Parutions.com : Vous utilisez beaucoup de citations pour introduire chaque nouvelle partie dans La Cité des ténèbres et chaque nouveau chapitre dans L'Ange mécanique. Quelle importance leur accordez-vous ?

Cassandra Clare : Ces citations sont très importantes. Elles donnent le ton de ce qui va suivre et servent à rappeler que toutes mes histoires appartiennent à une longue tradition. Cela m'aide également à rendre l'ensemble cohérent.

Parutions.com : Clary est une artiste qui ne se sépare jamais de son carnet de croquis. La Cité des ténèbres fourmille donc de références picturales et certaines scènes se lisent comme de vrais tableaux. Tessa, de son côté, est une lectrice passionnée qui perçoit le monde au travers d'un prisme littéraire. L'Ange mécanique fait par conséquent allusion à de nombreux ouvrages très célèbres. À qui ressemblez-vous le plus ?

Cassandra Clare : Je peux m'identifier aux deux mais honnêtement le personnage à qui je ressemble le plus est sans conteste Simon.

Parutions.com : La Cité des Ténèbres se rattache à la Fantasy urbaine mais L'Ange mécanique fait davantage penser au steampunk ce qui vous permet d'aborder de nouveaux thèmes.

Cassandra Clare : Bien que le roman se déroule dans un passé clairement identifiable et qu'il ne s'agisse pas de rétro-futurisme, j'adore l'esthétique steampunk et j'ai essayé d'en introduire certains éléments. Je pense en particulier aux automates qui jouent un rôle capital et aux engins mécaniques qu'invente Henry et qui n'existaient pas à l'époque victorienne. Ce contexte historique m'a également permis d'introduire le thème de la colonisation. La façon dont les Chasseurs d'Ombres traitent les Créatures Obscures s'apparente, par exemple, à l'attitude des Britanniques vis-à-vis de leurs colonies.

Parutions.com : Quelles recherches avez-vous faites sur cette époque ?

Cassandra Clare : Pendant six mois, j'ai lu exclusivement des ouvrages écrits pendant l'époque victorienne ou qui traitent de cette période historique. Je suis allée à Londres, j'ai sillonné la ville afin de m'approprier la géographie des lieux dans lesquels je voulais faire vivre mes personnages. Bien sûr, il y a eu de gros changements sur ce point et j'ai essayé de faire au mieux pour les prendre en compte. J'ai pris beaucoup de photos, j'ai étudié des cartes et des archives à la Bibliothèque de Guildhall. J'ai également lu des tonnes de livres qui se concentraient sur des détails historiques précis, les attelages par exemple !

Parutions.com : De qui le personnage de Mortmain est-il inspiré ?

Cassandra Clare : En partie de William Jardine, le cofondateur de la société Jardine, Matheson & Co créée à Canton, en Chine en 1832, et spécialisée dans le commerce du thé, du coton et de l'opium.

Parutions.com : Mortmain est fasciné par le pouvoir, ce qui l'entraîne à commettre des actes méprisables et odieux. Cette fascination est-elle la pire des faiblesses humaines ?

Cassandra Clare : Je ne sais pas si c'est la pire mais elle est particulièrement fréquente !

Parutions.com : La mission des Chasseurs d'Ombres est de protéger les humains des démons. Pourquoi semblent-ils souvent les mépriser ?

Cassandra Clare : Les Chasseurs d'Ombres se sentent supérieurs, c'est sûr. Cela vient du fait qu'ils vivent à part, qu'ils savent beaucoup de choses dont les terrestres n'ont pas la moindre idée ; ils ont la certitude d'être un peuple élu.

Parutions.com : Comment expliquez-vous le succès grandissant de la Fantasy ?

Cassandra Clare : Je pense que la Fantasy a toujours eu du succès et en aura toujours car elle s'enracine dans la mythologie et nos croyances anciennes. Peut-être cela s'explique-t-il par notre désir d'échapper au quotidien. Comme le dit Lynda Barry : «Nous ne créons pas un monde fantastique pour fuir la réalité mais pour pouvoir y demeurer».

Parutions.com : Quelle est votre singularité dans le monde des auteurs de Fantasy ?

Cassandra Clare : Le concept des Nephilim chasseurs de démons, l'importance de différents types d'amitié et la place que je donne aux Chasseurs d'Ombres dans notre paysage humain.

Parutions.com : Votre idée étant que les deux séries se complètent, cela donnera au final une saga en neuf volumes. La cohérence de l'ensemble constitue-t-elle le défi le plus difficile à relever ?

Cassandra Clare : C'est un défi qui demande une bonne dose de travail !

Parutions.com : La Coupe mortelle (City of Bones), premier volume de La Cité des ténèbres, a été adapté pour le cinéma. Le film est actuellement en cours de tournage et une sortie mondiale est prévue pour août 2013. Quelle a été votre implication dans ce projet ? D'autres films sur les romans suivants pourraient-ils voir le jour ?

Cassandra Clare : Le studio m'a demandé ce que je pensais du script et je leur ai donné beaucoup de renseignements sur lesquels ils ont travaillé. Je suis allée plusieurs fois sur le tournage mais je ne suis pas directement impliquée dans la réalisation du film. Il se peut bien qu'il y ait une suite mais le studio va probablement attendre de voir comment le premier film est reçu par le public avant d'envisager de poursuivre l'aventure.

Parutions.com : Merci beaucoup à vous.

[Un grand merci également à Christine Colinet des éditions Pocket Jeunesse].


Entretien réalisé par e-mail et traduit de l'américain par Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 11/01/2013 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • La Cité des Ténèbres - Les Origines
       de Cassandra Clare
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd