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Littérature -> Poches |
| Michèle Audin Une vie brève Gallimard - Folio 2016 / 7.10 € - 46.51 ffr. / 190 pages ISBN : 978-2-07-046820-1 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en janvier 2013 (Gallimard - L'Arbalète) Imprimer
Ce premier récit de Michèle Audin est un hommage franc, sensible, fragile et sincère à son père Maurice Audin (1932-1957), mort prématurément à 25 ans durant la guerre dAlgérie. Selon Pierre Vidal-Naquet qui a enquêté et publié en 1958 LAffaire Audin, le jeune homme aurait été torturé puis abattu par larmée française. Mais, et cest ce qui surprend à lentame du livre, Audin fille se refuse à évoquer ce que lon appellera «Laffaire Audin» afin de privilégier les moments de sa trop courte existence.
Michèle Audin se penche donc sur larbre généalogique de la famille ainsi que ses déplacements successifs entre la France et lAlgérie. Rencontre des parents, vie étudiante, naissance des enfants, les étapes défilent vite car le temps presse ; le destin sacharnant plus vite que prévu sur le pauvre Maurice, étudiant en mathématiques et activiste communiste.
Cette enquête, si elle est respectable et sérieuse, pose néanmoins deux problèmes dordre littéraire. Le premier concerne un trop grand nombre de détails peu pertinents sur la vie dun personnage (même public), comme des tickets retrouvés ou sa consommation de cigarettes en 1951 ; le second, qui en découle, relève de la description de lintime dans une uvre publique. En effet, nayant que très peu de sources sur lexistence de son père, lauteur se plait à poser des questions, à imaginer des événements probables dans le but de créer des repères ou de poser des situations concrètes sur des hypothèses. Or souvent, elle ne sait rien et tente dimaginer ce qua pu faire ou vivre son père. Résultat : le lecteur napprend rien et reste dans lallusion au même titre que lauteur qui peine (et elle lavoue) à recoller les morceaux dune existence, du reste assez banale, jusquà ce Maurice se fasse arrêter puis exécuter.
Ce récit, aussi sincère et honnête soit-il, aurait dû peut-être rester dans un contexte familial. Lintérêt littéraire nexiste pas ou presque. Vidal-Naquet avait déjà fait le travail. On regrette également labsence de photos pourtant décrites par lauteur qui en a retrouvées un certain nombre et qui le confie au lecteur qui peine là encore à imaginer le visage dun homme dont le destin fut on ne peut plus tragique et brisé.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 05/02/2016 ) Imprimer | | |
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