| |
In memoriam Françoise Giroud | | | Alix de Saint-André Garde tes larmes pour plus tard Gallimard - Folio 2015 / 7,50 € - 49.13 ffr. / 368 pages ISBN : 978-2-07-046249-0 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm Imprimer
Voilà quelques années, Françoise Giroud disparaissait. Le journalisme perdait une figure tutélaire, et le monde médiatique, une personnalité majeure. Alix de Saint-André, elle, perdait quelquun dautre : pas tout à fait une amie, pas complètement une parente, pas simplement un modèle, quelque-chose entre la muse et la vieille amie que lon materne
Pourtant, au début, la rencontre aurait dû être orageuse, électrique tant le personnage Giroud linsupportait. Mais voilà, la dame était plus retorse et sut faire la conquête de sa farouche intervieweuse. Et donc, lorsque, peu après le décès, Christine Ockrent publiait une biographie un peu critique, éclairant quelques aspects moins reluisants de la vie de F. Giroud, le sang dAlix de Saint-André ne fit quun tour.
Revenant sur cette biographie, lauteur décida de livrer sa part de vérité, déclairer «sa» Françoise. Mais Françoise Giroud est un personnage complexe, qui se dérobe aux questions simples et dont lidentité comme les racines se diluent dans lHistoire. Il faut donc enquêter (Où sont enterrés ses parents ? Fut-elle baptisée ? Etc.). Aidée de la propre fille de Françoise Giroud, Caroline Eliacheff (dite Watson), Alix, ou plutôt Sherlock, se lance dans une enquête au long cours, dont elle retrace chaque étape.
Biographie donc, mais dun genre original, où lenjeu est moins le résultat que la méthode et la relation de connivence qui se tisse entre la journaliste fascinée et la fille qui redécouvre sa mère. Le style est bien celui dAlix de Saint-André : primesautier, sympathique, rigolard ou grave selon les moments
Mais hélas, on ne retrouve pas le charme de ses uvres précédentes et lon se noie vite dans ce qui ressemble plus à un journal précis, trop précis denquête quà un récit. Déjà car lauteur parle beaucoup delle : pourquoi pas
On découvre au passage la parentèle et les amitiés de la famille Saint-André (attention à ne pas dire «de» Saint-André, ça fait plouc), le jeu des relations. Mais le côté «aristocrate un brin décadente» qui rit des traditions tout en marquant bien limportance des traditions, est rapidement agaçant, et lon se lasse de cet entre-soi récurrent.
Partie sur une hagiographie, Alix de Saint-André conclut sur le journal de ses relations avec Caroline Eliacheff, un journal où le lecteur est mis de côté. Cela donne un texte un peu long, un peu ennuyeux, et qui, sil sert gentiment la cause Giroud, savère bien lourd à digérer.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 04/03/2015 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Profession journaliste de Françoise Giroud | | |