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Littérature -> Poches |
| Y.B. Allah superstar Le Livre de Poche 2005 / 5.00 € - 32.75 ffr. / 218 pages ISBN : 2-253-11249-6 FORMAT : 11 x 18 cm
Première parution : Grasset septembre 2003 Imprimer
Ah merde cest pas superflop quest marqué en vert sur la couverture juste au-dessus de roman. Superstar je voulais dire, enfin écrire mais cest mes deux doigts qua ripé, enfin bon tas compris et comme en plus cest ma première chronique faut que tu sois indigent
Moi mon rêve cest devenir Beigbeder, que sa reusse(1) elle a une agence immobilier dans le 1 8, larrondissement qui touche le 9 3 à lautre bout de la terre doù quil habite lautre, le Kamel Hassani dEvry quon va tchatcher de lui ci-après plus bas. Chroniqueur de livres à Voici moi cest mon trip. Et oui rapport à mon physique et à la texture de ma peau de FDS (Français de souche, par opposition à JOD, Jeune dorigine difficile ) je suis plus limité, cest pour ça que jai pris cet autre auteur Grasset comme modèle. Chacun son trip. Kamel, lAlgéro-charentais, lui cest Jamel Debbouze le comique rebeu mais en plus fort quil veut devenir
Et quil deviendra. Pour faire court, le personnage principal du dernier «roman» d'Y.B. est un JOD équipier chez Quick qui, pour sextraire du monde où les FDS le confinent, décide denflammer les planches (au figuré). Après avoir rodé un sketch au Trévise, Kamel Léon (son nom de scène, Léon étant son second prénom et le caméléon «un animal qui prend la couleur de lépoque(2)») se fait remarquer par un producteur alcoolique non juif qui le prend sous sa coupe (rose, pour parodier Y.B., 10 francs dans le nourrain) et le propulse sur le devant de la scène grâce à une ingénieuse promo, évidemment provoc. «Cet homme est un terroriste. Ce terroriste est un homme» : tel est le slogan trouvé par son «prote» (un heureux mix entre pote et producteur) pour illustrer les affiches qui égayeront stations de métro et culs de bus. Eh oui, le personnage du stand-up de Kamel nest autre quun clone de Ben Laden, son sketch lui ayant été soufflé par limam de la mosquée dEvry, Mollah Tahar. Bref, tout ceci crée un remue-ménage denfer, Kamel se « prend une fatwa au cul » et brûle (au sens propre) la scène de lOlympia.
Pas novateur, pas convaincant ou trop convenu dans la retranscription dune certaine oralité de la banlieue (à noter que le petit Kamel a même le bon goût de respecter lindicatif après « après que »), ce « roman » déçoit. Surtout, il ne prête que rarement à sourire. Dommage, car son humour corrosif était pourtant lun des arguments mis en avant : une phrase, un gag, Y.B. ayant Seinfeld pour modèle. Dans Allah superstar, les vannes sont souvent faciles («comme les L5 avec Universal, comme ta mère dans un univers sale
» p. 56), lourdes («vu que quand on respecte sa femme on ramène pas de pute à la maison dans le lit conjugal pour le meilleur et pour le pire», p. 169), éculées («90-60-90, mais pour chaque jambe», p. 103), voire répétitives (deux fois lon trouve «plans sur la gourmette» en 260 maigrelettes pages). Certaines font quand même sourire. Des exemples ? Allez, deux pour la route : «Donc moi je lui [Ardisson] tends deux cartons dinvite, un pour lui et un pour son oreillette, son oreillette cest sa productrice en vérité
» (p. 228) et cette autre assez significative «Moi je savais pas trop si son humour cétait du lard ou du halal» (p. 167). Une troisième ? «
quand Samia la sur aînée de Nawel [la future ex de Kamel] elle veut louer un studio à Paris et on lui dit que cest libre, mais quand elle donne son nom comme par hasard cest loué depuis le 11 septembre» (p. 31).
En revanche, nombreuses sont les pages totalement dénuées dhumour. Principalement celles où les digressions politiques prennent le pas sur le récit. Politique ? Kamel, pourtant, nen fait pas, il ne cesse de le marteler au moins six ou sept fois. Qui sen prend alors à tous les extrémismes, aux dérives de la société
Bala, le comparse très intellectuel de Kamel ? Oui, mais il ny a pas que lui. Qui alors sinon lauteur ? Voilà le principal défaut de ce livre, mi-pamphlet, mi-roman, ni pamphlet ni roman, qui louvoie entre ces deux genres. Le sample est à la mode, mais celui de Y.B. nest pas mélodieux. Sans doute en avait-il conscience : «Finalement ma connerie cest ça, moi jai trop brouillé les pistes dans mon stand-up, je leur ai tout déversé dun seul coup sur leurs gueules enfarinées
» (p. 246) Si vous voulez tout de même lire Y.B., commencez par le recueil de ses excellentes sans ironie aucune chroniques algéroises, Comme il a dit lui (Lattès, 1998).
(1) Reusse pour sur. Le verlan nétant pas encore codifié chacun est libre de lécrire comme il lentend. Pour Y.B., les couilles se transforment en yeuks. En 1989, à Cergy, on disait youks. Comme quoi, tout évolue.
(2) Doù sans doute ce fourre-tout final intitulé « In Memoriam » (p. 257 à 264), sorte dindex indigeste qui oublie pourtant de citer le groupe Il était une fois, dont les paroles sont à plusieurs reprises citées. Heureusement, les draps, eux, sen souviennent
Hieronymus Pescator ( Mis en ligne le 20/05/2005 ) Imprimer
Ailleurs sur le web :La tribune de Jack-Alain Léger parue dans Libération accusant Y.B. de s’être «inspiré» de Ali le magnifique, sans le citerLa présentation de Allah Superstar par son auteur sur le site Grasset | | |
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