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Coquille vide
Adam Thirlwell   Politique
Seuil - Points roman 2005 /  6 € - 39.3 ffr. / 283 pages
ISBN : 2-02-078747-4
FORMAT : 11 x 18 cm

Traduit de l'anglais par Marc Cholodenko.
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Moshe, la trentaine, est un acteur juif londonien intello en proie à sa judéité et vaguement mou, mais pas trop quand même. En effet, il rend heureux sa petite amie Nana, une blonde étudiante en architecture d’un mètre quatre-vingts, en proie à sa sexualité et vaguement confuse, mais pas trop quand même. En effet, Nana couche aussi avec Anjali, une jolie petite actrice de publicité raide dingue de films «bollywoodiens», en proie à son homosexualité mais pas trop quand même. En effet, Anjali est également très amie avec Moshe, avec lequel cela ne la dérange pas de coucher aussi. Ainsi se forme ce que l’on appelle couramment un ménage à trois, sous l’œil bienveillant de Papa, le papa de Nana, un homme d’affaires cultivé et fou de sa fille, en proie à des problèmes cardiaques, mais pas trop quand même. En effet, il se montrera fort intéressé par la sexualité de sa fille chérie.

Et après ? Après, il n’y a pas grand-chose, exceptés d’interminables marivaudages réalistico-moralo-sentimentaux, agrémentés de digressions tout aussi interminables de la part de l’auteur, ou plutôt l’Auteur, qui saupoudre son ouvrage de propos confus sur la morale, les mœurs, la société, le cinéma. Pour aboutir à des conclusions majeures telles que : «Il est possible après tout, qu’une action semble altruiste, mais ne soit en réalité que destinée à servir son auteur.» Quel scoop. Au lecteur, aucun détail n’est épargné, que ce soit les expériences anales de Moshe dans Nana, le fisting de Nana par Anjali, les vacances de Papa et Nana à Venise, les flatulences de Moshe ou la description quasi anatomique des minuscules méandres psychologiques dans lesquels se perdent des personnages en forme de coquilles outrageusement vides.

Il est curieux que Politique ait tant séduit la critique. En effet, l’ouvrage prétend entre autres à deux originalités qui tombent hélas complètement à plat. D’une part, il est particulièrement maladroit de comparer – comme Thirlwell le fait en calquant les situations que vivent ses personnages dans leur vie privée à celles vécues par des hommes politiques dans l’exercice de leur fonction –, la chose politique et la chose privée (les sentiments, le sexe). En effet, il est assez malvenu d’opérer ce genre de confusion intellectuelle, à une époque où la politique – l’art de se lier et de fonctionner collectivement – est de plus en plus vidée de son sens au profit d’une exacerbation de la vie et du droit privés – « moi je, moi je, mon nombril et mon bonheur ». Cela donne des choses comme : «Après ce coup de téléphone, Boulgakov se vit attribuer un poste au Théâtre d’art de Moscou. Et il ne publia plus jamais rien. Mais il s’était plaint. Il avait résisté. C’est juste qu’il s’était fait coincer par le coup de téléphone de Staline […] Le stalinisme téléphonique est l’utilisation de la bienveillance comme technique coercitive. Il impose le compromis. Tout un chacun, à un moment ou à un autre, est un stalinien téléphonique.» On peut trouver ça génial, mais on peut aussi penser que le snobisme poussé à cet extrême devient du non-sens. D’autre part, la propension qu’a l’auteur de rentrer à tout bout de champ dans son roman pour y faire des incursions n’est pas franchement révolutionnaire, mais plutôt franchement agaçante.


Caroline Bee
( Mis en ligne le 14/02/2005 )
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