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Piano dissonnant
Elfriede Jelinek   La Pianiste
Seuil - Points - Signatures 2014 /  8.70 € - 56.99 ffr. / 352 pages
ISBN :  978-2-7578-4136-5
FORMAT : 12,1 cm × 17,9 cm

Traduit de l’allemand par Yasmine Hoffmann et Maryvonne Litaize
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Michaël Haneke l’a fort bien fait comprendre par son adaptation primée à Cannes en 2001 : le livre d’Elfriede Jelinek, ce n’est pas du Chopin – et ne le seront pas davantage ceux qui lui succèderont. Romantiques s’abstenir ! Car la relation amoureuse (si on peut lui donner ce nom) que décrit l’auteur, n’est pas précisément rose, elle ne sent pas très bon. La BO d’un Mancini pour Love Story lui siérait mal et, puisqu’on évoque la musique, Jelinek s’applique bien à nous faire comprendre que non, l’art, musical ou autre, n’élève pas l’âme et ne rend pas meilleur !

Cet avertissement donné, passons à l’intrigue. Elle se déroule à Vienne. Erika Kohut, 36 ans, professeur de piano, vit toujours chez sa maman. Son père est mort voici bien des années et sa mère a jugé qu’Erika pouvait fort bien le remplacer au foyer. D’ailleurs, Erika ne songe pas à partir : sa génitrice l’a scrupuleusement mise en garde contre le monde extérieur si dangereux et hostile ! De plus, Erika doit se consacrer à l’art «pianistique», comme l’appelle moqueusement l’auteur autrichienne, il ne faut pas qu’elle s’éparpille par des loisirs ! Maman Kohut l’a depuis bien longtemps condamnée au talent et à la célébrité.

Bon, pour la deuxième partie du programme, c’est hélas raté, Erika n’est que professeur de musique. On le comprendra assez bien, notre pianiste n’est pas précisément heureuse. Elle a accumulé trente-six ans de frustration, alors ça commence à craquer de toutes parts. Une solution semble s’imposer dans toute son évidence : l’amour salvateur ! Il saura briser ce huis clos mortifère mère/fille. Or, il se trouve qu’un élève s’intéresse de près à Erika. Et il se trouve aussi qu’il est beau, brillant, sûr de lui. Mais rappelons-nous : romantiques s’abstenir !

La relation que décrit Elfriede Jelinek est en effet celle d’un rendez-vous manqué. Car le fossile Erika ne sait plus donner et recevoir, elle voudrait l’amour de Klemmer «sans bourse délier». Aussi propose-t-elle à l’élu de son cœur quelque chose de beaucoup moins joli. On pourrait dire que tout cela tourne au tragique. Mais le tragique nécessite des sentiments nobles, or nos personnages en sont bien dépourvus. L’élève réfléchit si le prestige de cette liaison compensera l’âge de sa maîtresse, laquelle, a-t-il la lucidité de constater, n’est pas de première fraîcheur ! Le tragique est aussi battu en brèche par le traitement stylistique. Ne comptons pas sur Elfriede Jelinek pour nous faire verser de belles larmes. Son style, qui fait son génie, et mériterait une longue étude à lui seul, a le don de faire jaillir continuellement un comique qui ne fait pas rire.

La Pianiste, paru déjà en 1983 en Autriche, est le premier livre d’Elfriede Jelinek traduit en français. Il n’a rien perdu de sa puissance, on peut même parler d’avant-garde. L’auteur a reçu le prix Nobel en 2004 pour l’ensemble de son œuvre, une première pour son pays, et c’est on ne peut plus mérité. Alors nous le répéterons : romantiques s’abstenir, à moins de souhaiter virer sa cuti. Mais aux amateurs de grande littérature ; aux lecteurs qui au travers du roman cherchent une meilleure connaissance de l’âme humaine ; et à tous ceux qui ont soif d’un vision non formatée, la recommandation est : précipitez-vous !


Elise Goldberg
( Mis en ligne le 28/03/2014 )
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