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| Littérature -> Récits |
| Olivier Chartier Les Ombres de Boufarik
Flammarion 2010 / 15 € - 98.25 ffr. / 157 pages
ISBN : 978-2-08-123188-7
FORMAT : 13,5cm x 20,9cm
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Journaliste, descendant de pieds-noirs, Olivier Chartier offre avec Les Ombres de Boufarik un récit se lisant comme un roman, l'histoire vraie d'une enquête historico-génétique, dans l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui, celle réelle des journaux et des archives, mais aussi celle homérique nourrie des récits familiaux et de l'amour d'une grand-mère.
Adulte, il entreprend de mieux comprendre les raisons du meurtre de son arrière-grand-père, Amédée Froger, alors maire de Boufarik, dans l'Algérie encore française. Assassiné en 1956, au coeur des épisodes de ce que l'on appelait à l'époque ''les événements d'Algérie'', aujourd'hui mieux assumés sous nos latitudes comme guerre d'indépendance, Amédée offre au regard d'Olivier le visage dédoublé d'un Janus Algérien. Il est à la fois ce colon resplendissant, pionnier pour de vrai plutôt qu'infâme occupant, un constructeur, un bâtisseur, l'un des faiseurs d'une Algérie moderne, qui ne négligea pas le sort des ''indigènes''. Il semble y avoir en lui du colonisateur à la Jules Ferry, tout rempli de sa mission civilisatrice.
Mais l'enquête affine le portrait héroïque, l'entache et le déforme. Il y aurait aussi de l'Algérie façon OAS (avant l'heure) chez ce notable, de l'Algérie conquérante et exploiteuse. Amédée aurait d'ailleurs été assassiné par un «arabe» persuadé d'exercer son droit de vengeance ; une victime du FLN. A moins qu'il ne se fût agi d'un complot ourdi par les tenants de l'Algérie française...
C'est l'honnêteté absolue de cette exploration qui frappe surtout à la lecture. Journaliste, Olivier Chartier cite et recoupe ses sources, part sur le terrain, tenant la main de l'historien aussi bien que celle du témoin. Mais la subjectivité du «fils de» est tout aussi palpable, dans l'amour pour un pays où il n'est pas né mais dont il ressent les beautés et la chaleur dans le secret de ses gènes, dans un tableau ensoleillé, relique trônant dans un salon parisien, dans les souvenirs de ses aînés...
Cette odyssée mémorielle, si elle ne remplace par l'histoire faite par les historiens, trouve sa juste place dans une production pléthorique sur l'Algérie depuis 50 ans. Et le talent de plume et de ton manifesté ici fait espérer que d'autres textes suivront, qu'ils soient récits ou romans.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 22/02/2010 )
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