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Pasolini, l’étranger intime
Emanuele Trevi   Quelque chose d'écrit
Actes Sud - Un endroit où aller 2013 /  23.50 € - 153.93 ffr. / 337 pages
ISBN : 978-2-330-02349-2
FORMAT : 10,3 cm × 19,2 cm

Marguerite Pozzoli (Traducteur)
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Voici des nouvelles de Pier Paolo Pasolini un peu oublié depuis son assassinat par Pino Pelosi, dit Pino la Grenouille, le 2 novembre 1975 sur une plage près de Rome. Pino fut condamné à 17 ans de prison mais le meurtre resta mystérieux. Emanuele Trevi nous rafraîchit la mémoire dans un livre à la croisée du roman, de l’essai et de l’autobiographie. La traduction en français de Marguerite Pozzoli est particulièrement réussie. Le livret contient en fai trois thèmes : l’expérience de l’auteur, le portrait de Laura Betti et «l’archéologie» de Pétrole commencé dès 1972 et resté inachevé. Ce devait être une somme de deux mille pages qui aurait contenu tous les problèmes et enjeux des vingt dernières années dans la société italienne. C’est devenu de fait une œuvre composée d’un ensemble de fragments.

Emanuele Trevi n’a jamais connu Pasolini car il est né en 1964. Pour gagner sa vie dans les années 1990, il est chargé, au Fonds Pasolini de Rome, de retrouver toutes les interviews de Pasolini et d’en préparer l’édition. C’est le point de départ du livre. Le problème est que le fonds est dirigé par Laura Betti, l’actrice fétiche et la muse du cinéaste, une femme animée d’un amour impossible ; Pasolini ne pouvait pas avoir les mêmes sentiments qu’elle. Ce déséquilibre explose à la mort de P.P.P., révélant les ravages d'une passion non partagée. «La jalousie la plus atroce est celle que nous éprouvons envers qui ne nous a jamais accordé le droit d’être jaloux et qui ne nous offrira même pas le piètre réconfort de se sentir un peu coupable de ce qu’il fait». Emanuele Trevi est fasciné par Laura Betti qu’il surnomme «la folle», et par Pasolini et son œuvre. Il donner d'ailleurs à son livre un titre tiré d'une note de Pétrole. «Les allusions à des techniques et à des rituels initiatiques sont si nombreuses et si précises dans Pétrole qu’il n’y a pas de place pour le doute».

Laura est méchante, sadique même avec Emanuele qu’elle n’appelle que «ma petite pute». Elle trouve ses failles (elle sait toujours trouver le talon d'Achille chez l'Autre). Elle porte des jugements cruels sur tout le monde ; elle est trop amère. L’auteur ne pourra jamais publier le livre des interviews mais il est alors confronté aux problèmes de l’élaboration de l’œuvre et cette expérience lui servira par la suite pour écrire. La «folle» se moque de son ambition à devenir écrivain. Elle ne supporte pas son intérêt pour Pétrole : «Laura Betti et Pétrole : une de ces imprudentes réactions chimiques qui dans les dessins animés s’achèvent sur une explosion assourdissante et le laboratoire en miettes». L’auteur passera une dernière soirée chez Laura Betti le 28 mars 1994, soir de la première élection de Berlusconi, «le monstre de Milan».

Emanuele Trevi trouve en Pétrole un livre dérangeant, un éclairage précis sur la vie personnelle et la sexualité de Pasolini, avec toutes ses déviances. Il crée un personnage, Carlo1, ingénieur dans une société de pétrole, ainsi que son double Carlo2, qui vont tous les deux être transformés en femmes. Cette société pétrolière est corrompue et se se superpose à la vie sexuelle des personnages et à la vie politique de l’Italie, développant les liens entre le pouvoir et la mafia. Peut-on écrire sur l'Italie sans parler de la mafia ?...

«Si toute métamorphose est connaissance, le changement de sexe constitue la connaissance parfaite». Emanuele Trevi est subjugué par le traitement des personnages car Pasolini pense que le double est le sommet de l’art littéraire. La révélation arrive après la mort symbolique du changement de sexe des Carlo. Pétrole déclenchera un scandale à sa sortie en 1992.

Quelque chose d’écrit nous interroge sur le rôle de la littérature, celui du cinéma, notre identité sexuelle et sur le sens de la vie ; le tout est traversé par le fantôme de Pasolini dont Trevi évoque les films Salo et Théorème (avec l’admirable Laura Betti en servante séduite par le beau Terence Stamp). L’écriture est vive, concise et nous replonge dans une Rome obscure, dans un périple tragique en compagnie de «la folle». Emanuele Trevi observe la comédie humaine romaine de façon précise et poétique, lui à qui Pier Paolo Pasolini, d'une certaine manière, s'est révélé à travers Pétrole. La couverture de l'ouvrage nous offre une belle photo de Laura Betti et P.P.P.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 25/11/2013 )
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