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Littérature -> Récits |
| John Irving Mon cinéma Seuil 2003 / 18.50 € - 121.18 ffr. / 181 pages ISBN : 2-02-039842-7 FORMAT : 14x21 cm Imprimer
Auteur américain né en 1942, John Irving est connu pour ses grandes épopées. Il aime à raconter la vie dun personnage ou dune famille, noubliant jamais d'y semer quelques accidents singuliers. Ces histoires sont longues, jamais trop, toujours empreintes dhumour. Le monde selon Garp est son premier succès ; suivront une dizaine dautres dont Luvre de Dieu, la part du Diable, qu'il évoque dans son dernier ouvrage et dans lequel il tranche à sa manière la question de lavortement, sujet particulièrement sensible aux Etats-Unis.
John Irving nous offre ainsi des échantillons de vies humaines, des vies riches, entre échecs et réussites, toujours à la merci dévénements extraordinaires autant quimprévisibles. Cest cette richesse qui explique sans doute le succès de lauteur, le soucis du détail, la patience alors quil nous conte des siècles daventures humaines
Il semble difficile de retrouver cela dans un film. Et pourtant, cest bien de ladaptation de certains de ses romans pour le septième art dont nous parle John Irving dans son dernier livre : Mon Cinéma.
Quy a-t-il de commun entre lécriture dun livre, celle dun scénario et le tournage dun film ? John Irving est écrivain, il ne revient pas sur ce travail, il est personnel et nest pas lobjet de ce récit. En revanche, sil a parfois écrit lui-même les scénarios adaptés de ses succès, il lui faudra bien sûr soumettre le tournage de ces films à un réalisateur. Ou comment Dieu sur son univers doit partager son pouvoir avec une équipe de cinéma.
Impératif de temps, dargent, le format même du film ne permet pas tout ce que permet celui du livre. Il lui faut donc sacrifier. Accepter de voir disparaître des pans entiers de ses histoires, en créer dautres pour rendre le film cohérent, se laisser convaincre quil est nécessaire de changer de ton, de changer de public, bref, de faire quelques infidélités à ces vies quil a créées pour les laisser revivre au cinéma.
Envers du décor, on accède aux doutes, aux travaux inachevés, mille fois repris à zéro pour obtenir enfin lessence dune histoire. On sent ce travail violent pour lauteur, il a besoin de trouver LE réalisateur parfait, celui qui saura le mettre en confiance, lui faire comprendre la nécessité de ces concessions sans lui laisser cet arrière goût de trahison. Ainsi, on assiste au passage dune création, personnelle et intime, à un travail déquipe où il na plus seul droit de vie et de mort sur son histoire. Il le reconnaît pourtant, réaliser un film nest pas son métier ; le réalisateur impose quelques images aux spectateurs quand John Irving en suggère une infinité dans la tête de ses lecteurs.
Cet ouvrage est très agréable. Si lon aime John Irving, on se sent flatté quil accepte de se livrer ainsi, comme une discussion au coin du feu. On savait que ses expériences alimentaient largement celles de ses héros. Il nous en parle, offre des anecdotes de sa propre vie, des réactions de ses lecteurs, des discussions sans fin sur ses bébés avec les réalisateurs. On connaissait ses livres et par ces révélations, il les rend plus vivants encore et nous transmet cet amour immodéré quil a pour eux.
Valérie Charoing ( Mis en ligne le 05/11/2003 ) Imprimer | | |
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