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Grande saga pour nuits blanches…
Jacques Chambon   Robert Silverberg   Destination 3001
Flammarion - Imagine 2000 /  22.75 € - 149.01 ffr. / 449 pages
ISBN : 2-08-067939-2
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Jacques Chambon et Robert Silverberg ont eu la bonne idée de demander aux grands écrivains de science-fiction du moment de quelle manière l'approche symbolique d'un millénaire pouvait se traduire et se répercuter pour des humains forcément dépassés par le monstre du temps. Vingt auteurs se sont prêtés de bonne grâce à ce jeu éditorial et nous livrent "une grande première : une anthologie originale internationale".

Ainsi, Valerio Evangelisti, Robert Silverberg, Ayerdhal, Paul J. McAuley, Norman Spinrad, Philippe Curval et Dan Simmons, entre autres, ont-ils fourbi leur plume intergalactique afin de rendre compte des bouleversements psychologiques et technologiques induits par l'éternelle quête du Troisième type. Car ce n'est pas un des moindres traits constants de cette anthologie que de souligner, jusqu'au bout, l'attente idéalisée des hommes en matière de rencontre avec des extra-terrestres : qu'il s'agisse de Paradi (Valerio Evangelisti), Notre terre (Ayerdhal), l'altérité ne s'affranchit jamais de l'aliénation, voire de la destruction pure et simple. A tel point que, chacun étant toujours l'extra-terrestre de l'autre -ou sa radicale et douloureuse absence (La Ballade du singe seul, S. Denis; On est bien seul dans l'univers, Philippe Curval), la catégorie même d'humanité perd sa pertinence pour se voir substituer une démarcation entre les survivants et les inadaptés.

De fait, les derniers espoirs recouvrent souvent les ultimes désillusions. Malgré l'humour qui affleure de-ci de-là, ces textes décryptant le futur de nos contemporains en dressent plutôt un avenir sombre ! Le Semeur de cauchemars (A. Eschbach), dans le sillage de Matrix, n'est guère plus optimiste : face à la distinction cartésienne de la veille et du rêve (on retrouve l'argument abordé à travers la notion d'espace-temps parallèlement dans Angles de O.S Card), la réalité choisie par le héros n'est pas celle que recommande la rationalité enfin réveillée, mais celle proposée par une évolution technologique encourageant la léthargie.

Encore suffit-il parfois d'une vieille horloge pour détraquer la belle mécanique high-tech du XXXème siècle (Les Nuits inutiles, J.-C. Dunyach). Les deux récits les plus ironiques, Millénium Express (Robert Silverberg) et Entités (Norman Spinrad) exposent un même jeu paradoxal sur des entités recomposées à partir d'hommes célèbres du XXème siècle, savants, philosophes, artistes, placés dans des situations contrastant avec ce que notre mémoire collective a conservé d'eux. De joyeux clones "icono-archéo-clastes" utilisent les vestiges de la fin des Temps modernes comme gigantesque terrain de jeu pour mener un sabbat de tous les diables d'un côté, de lointains descendants des "carniciels types" que nous fûmes doivent à leur corps défendant expérimenter les affres de la sensorialité de l'autre !

Cela confié incidemment au passage, quel plaisir, distillé par ces textes d'anticipation, de parler de notre propre présent destiné à devenir le passé de l'avenir. La notion de contamination, de contagion et donc de danger mortel possible, est certes au coeur de nombreux récits (Notre mère qui dansez, N. Kress; le Temps des Olympiens, S. Lehman; Paradi; Notre Terre), comme si la thématique du rapprochement restait difficilement concevable même à partir de corps modifiés -quand ils ne sont pas supprimés et transmutés dans des structures cyborgisées.

Le modèle de l'homme grevé par sa sensibilité et sa culture est bien voué à faire long feu pour les peuples des étoiles (le 9 av, D. Simmons). Mais dans tous les cas, le millénium attendu agit comme un catalyseur : moment extrême de la fin d'une vie ou d'une société, la célébration de l'an 3000 demeure un souci majeur de nos successeurs, quand bien même champagne et flonflons n'apparaissent plus à l'ordre du jour. Il est vrai que ce jour-là se donne davantage comme un crépuscule de l'espèce humaine que comme l'apogée positiviste de son règne sur Terre.

Fi des dialectiques obsolètes, ouvrez-vous donc sans plus tarder à ces "visions du début du quatrième millénaire" car, à supposer qu'elles "vous paraissent étranges, délirantes, difficiles à admettre, parfois choquantes, voire impossibles, quelle importance ?" demandent J. Chambon et R. Silverberg dans leur introduction. "Qui d'entre nous sera là pour vérifier ?"


Frédéric Grolleau
( Mis en ligne le 04/12/2000 )
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