L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Policier & suspense  
 

Vivement dimanche ?
Harry Kemelman   La Semaine du rabbin - Tome 2
La Découverte - Pulp fictions 2006 /  24 € - 157.2 ffr. / 764 pages
ISBN : 2-7071-4968-3
FORMAT : 13,0cm x 20,0cm
Imprimer

Avec le deuxième tome de La Semaine du rabbin (en référence aux titres de la série, qui déclinent les jours de la semaine), La Découverte, dans sa collection «Pulp Fictions», achève la publication des enquêtes du rabbin Small (il manque toutefois des titres «hors semaine» : «un jour, le rabbin..»)… et la conclusion s’impose : une semaine, c’est bien court. Un premier tome (vendredi, samedi, dimanche et lundi) nous avait fait découvrir, ou redécouvrir, la petite communauté de Barnard’s Crossing, cité côtière américaine proche de Boston, au beau milieu des années 70. Avec ce second et dernier tome (mardi, mercredi et jeudi), les lecteurs, désormais familiarisés avec les us et coutumes d’une petite communauté juive nord américaine, agitée par quelques querelles et drames divers, cancans et jalousies, mais où le crime rôde par endroits, achèvent cette collection d’enquêtes exotiques.

L’adjectif exotique peut sembler déplacé (au vu de la littérature policière contemporaine, la société américaine, endeuillée par d’innombrable crimes, est certainement l’une des plus scrutée par les amateurs de polars), pourtant, les enquêtes du rabbin Small apparaissent très vite originales, hors norme dans leur déroulement : tant par le rythme de l’écriture, que par les artifices littéraires utilisés, Harry Kemelman se situe à mi-chemin du roman policier et du roman ethnologique.

Chaque «journée» est l’occasion d’une promenade instructive dans la religion juive, aux côtés d’un rabbin érudit, à la fois immergé dans son époque en tant que guide d’une communauté (le rôle du rabbin, à la fois spirituel et arbitral, est en soi fort complexe), et bizarrement toujours un peu en retrait, éloigné des préoccupations actuelles, plus intéressé par un ouvrage de philosophie classique que par le bruissement du monde. Mais le monde finit forcément par rattraper le bon rabbin Small, que ce soit sous la forme de son épouse, Miriam, qui fait parfois office de conscience, de ses «paroissiens» partagés entre l‘agacement devant ce drôle de petit bonhomme tire-bouchonné, et le respect envers ce qu’il incarne, ou bien sous l’apparence du commissaire Lanigan, intermédiaire sympathique entre le rabbin et le monde du crime. Car on y meurt quand même souvent. Dans ce second tome, le rabbin Small a pourtant fort à faire avec le monde : on le retrouve même aux prises avec le gauchisme des années 70, un gauchisme qui flirte avec le terrorisme.

Les enquêtes du rabbin sont en fait des prétextes, un peu comme les récits du Talmud qui servent principalement à exprimer une manière de voir et de comprendre la vie en société, la manière juive. Certes, il y a des morts, des criminels, des trahisons… mais l’un des nombreux charmes de la série réside justement dans la manière dont le rabbin, réfléchissant comme un talmudiste et non comme un enquêteur, entreprend de déconstruire l’écheveau des possibilités pour percer les secrets les plus enfouis et éclairer un crime. L’art et la manière l’emportent assurèment sur le résultat.

Harry Kemelman a rédigé là une série très pédagogique, en ce qu’elle nous introduit, habilement, ludiquement, dans la pensée et la civilisation juives. A cet égard, Mardi, le rabbin a vu rouge est peut être l’ouvrage le plus explicite : le rabbin Small, occasionnellement professeur à l’université locale, se heurte aux questions tendancieuses de la jeunesse et à travers elle, aux interrogations parfois banales du lecteur non juif (à quoi sert la kippa ? quel est le statut des femmes ?…), et il en profite pour délivrer un cours, à batons rompus, sur le judaïsme en expliquant notamment que pour intéresser les enfants à l’étude, on en renforce les aspects ludiques.

Sans nul doute, Harry Kemelman aurait fait un bon rabbin, tant il sait nous passionner en remettant au goût du jour, et en l’appliquant au crime, une pensée millénaire. Une collection indispensable aux amateurs.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/10/2006 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • La Semaine du rabbin
       de Harry Kemelman
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd