|
Littérature -> |
| Jean-Yves Cendrey Schproum - Roman avorté et récit de mon mal Actes Sud - Domaine français 2013 / 19.8 € - 129.69 ffr. / 201 pages ISBN : 978-2-330-02442-0 FORMAT : 11,8 cm × 21,8 cm Imprimer
Recours au dictionnaire : le «schproum» est le bruit dune protestation, dune dispute violente. Cest aussi le titre dun roman inachevé de Jean-Yves Cendrey aux Éditions Acte Sud. Le livre est sous-titré «roman avorté et récit de mon mal».
Jean-Yves Cendrey a écrit une soixantaine de pages de son nouveau roman qui raconte lhistoire mouvementée des relations orageuses de deux familles berlinoises dorigine polonaise, que le sexe et largent va détruire. Cest un bon début de roman, picaresque et burlesque. Mas ces pages sont déjà parasitées par des moments de troubles et de souffrance, comme une interférence. En janvier 2012, lauteur continue à souffrir mais de façon plus violente de différents symptômes dun mal mystérieux que les médecins ne comprennent pas : maux de tête atroces, insomnie, douleur dans un genou qui loblige à se munir dune canne, brûlure sur la nuque, vertiges et même aphasie. Les résultats médicaux ne donnent rien, tout est normal...
Tout ceci plonge lauteur dans un profond désarroi ; il ne sait quoi faire pour guérir puisque la Médecine est impuissante. «Le genou craque, la tête craquette, de nouveau il arrive que les mots me manquent et de nouveau je suis sous migraine comme dautres sont sous barbituriques : pas brillant. Je men allais du monde». Il craint le pire, sa chair est traversée de courts-circuits électriques. Le malheureux éprouve une grande solitude devant la page blanche quil narrive plus à remplir. Son métier labandonne. Au début, il croit que son mal vient de lui...
Jean-Yves Cendrey vit en milieu urbain, à Berlin. Il essaie de quitter la ville et de sévader dans sa maison de campagne familiale près de la Garonne, dans les Cévennes, à lîle dOuessant ; les troubles satténuent mais ne disparaissent pas pour autant. Il est malheureusement résigné, jusquau jour où il saperçoit que lantenne sur le toit de limmeuble den face a été doublée, il se rend compte quil habite près de la Tour de la Télévision. En faisant des recherches sur Internet, il découvre quil collectionne une douzaine de symptômes sur les quinze existant pour lHES ou Hyper Electrosensibilité. Il peut enfin mettre un mot sur sa maladie.
En Allemagne et dans beaucoup dautres pays, lHES est reconnue (surtout depuis lappel de Fribourg des médecins). En France elle est niée, cest «une peur irrationnelle», déclare un ministre. Même les écologistes enterrent le sujet. Mais ceux qui nient les effets des champs magnétiques sont très impliqués dans cette industrie ou bien sont trop dépendants des nouvelles technologies. Les grandes entreprises nont aucun intérêt à nous dire que le portable, la 4G que lon nous vend partout ne sont peut-être pas des progrès bénéfiques ; sans parler des emplois induits. Dire le contraire revient à être contre le progrès...
Voici donc le récit sensible et drôle, malgré la douleur, dun écrivain en plein désarroi mais que ne pas abandonné le sens de la dérision. Nous assistons à la lutte d'un homme contre la machine, une modernité trop agressive pour lui ; David contre Goliath en 2013...
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 16/10/2013 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Honecker 21 de Jean-Yves Cendrey | | |
|
|
|
|