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Entretien avec Emily St John Mandel - (Station Eleven, Rivages, Août 2016)


- Emily St John Mandel, Station Eleven, Rivages, Août 2016, 477p., 22€
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Parutions.com : Vous avez grandi sur l'île Denman en Colombie britannique. Quelle enfance était-ce ?

Emily St John Mandel : Oui, c'est drôle. Station Eleven ne relève en rien du genre autobiographique mais le passage inscrit sur l'île Delano fait en effet référence à l'île Denman. Bien que tout cela relève de la fiction, ces passages sont absolument autobiographiques. Et je me suis ainsi rendu compte que j'ai insufflé dans le roman des parties de ma propre expérience. Arthur, l'un des personnages, dit à un moment au sujet de l'île qu'elle est magnifique et claustrophobique, qu'il l'aime mais qu'il a toujours voulu la fuir. Exactement comme moi. J'aime l'île Denman, c'est un lieu superbe, mais c'est si petit que tout le monde connaît tout le monde et cela vous rend comme claustrophobe. J'aime beaucoup Toronto parce qu'il me semble que le sentiment d'anonymité que confère une ville aussi grande se rapproche de celui de liberté, que ma vie privée y est préservée parce que personne ne m'y connaît.

Parutions.com : Quand avez-vous commencé à écrire ?

Emily St John Mandel : J'écris depuis que je suis toute petite. J'ai été scolarisée à domicile et l'un de mes devoirs était d'écrire quelque chose tous les jours. Mais tout cela ne relevait que du passe-temps jusqu'à mes 21/22 ans quand, exténuée par la pratique de la danse, j'ai voulu faire autre chose. C'est à ce moment là que j'ai pris l'écriture au sérieux et que j'ai débuté mon premier roman, Dernière nuit à Montréal .

Parutions.com : Quels sont les auteurs qui vous ont le plus marquée comme écrivain et pourquoi ?

Emily St John Mandel : L'une de mes influences les plus anciennes est Michael Ondaatje. J'avais 14 ans quand j'ai lu Le Patient anglais et je me souviens que c'est ce livre qui m'a fait prendre conscience de la beauté que peut renfermer la prose. Ensuite, j'ai été marquée par Norman Mailer et son Chant du bourreau, et puis, au fil des ans et à des degrés divers, par des auteurs tels qu'Irène Némirovsky, Dan Chaon ou JD Salinger.

Parutions.com : Quand vous écrivez, qu'est-ce qui compte le plus pour vous, l'intrigue ou les personnages ? Qui est votre personnage favori dans Station Eleven ?

Emily St John Mandel : Les deux sont importants pour moi. Concernant les personnages et leur développement, vous finissez par réaliser qui ils sont et cela induit comment ils se comporteront dans telle situation. Quant à mon personnage préféré, il s'agit en fait de deux, Miranda et Clark. J'ai beaucoup aimé accompagner ces deux personnages dans l'écriture. C'est intéressant d'entendre que la plupart de mes lecteurs préfèrent Miranda avec qui je partage quelques traits. Mais ce n'est pas mon double littéraire.

Parutions.com : Pour ce roman, quel a été le plus grand challenge à l'écriture ?

Emily St John Mandel : Je crois qu'on peut dire que Station Eleven est plus complexe que mes précédents romans. Mais l'expérience d'écriture fut la même. Il y avait des moments quand je ne savais pas quelle direction l'histoire allait prendre car je ne ne conçois jamais au préalable un dénouement à atteindre. Je ne suis pas un script pré-établi, j'écris plusieurs scènes en me concentrant sur un personnage, sa vie, sa carrière. Ensuite, j'imagine comment rapiécer tout cela. Écrire un roman me prend deux ans et demie. Après une année d'écriture, je me retrouve avec un premier brouillon énorme et dense. Le reste du temps consiste à réviser et donner une cohérence à cette masse, une cohérence suffisante en tout cas pour pouvoir faire lire à quelques premiers lecteurs.

Parutions.com : Alors, qui peut voir votre premier brouillon ?

Emily St John Mandel : Je le donne en général à lire à trois personnes, mon époux qui est également écrivain et un ami, romancier lui aussi. Nous échangeons nos notes depuis des années. Ensuite, je choisis un autre ami proche. Puis j'envoie le tout à mon agent.

Parutions.com : Le sentiment de l'identité est central dans Station Eleven. Alors que vous décrivez dans le roman comment notre société s'effondre et les frontières disparaissent, les gens oublient jusqu'à leurs noms. Quelle importance donnez vous à la question de la citoyenneté ?

Emily St John Mandel : C'est une question intéressante dont j'avoue ne pas avoir la réponse. J'ai longtemps pensé qu'un canadien est quelqu'un qui possède un passeport canadien. Mais, grâce à mon père californien, je me suis retrouvée avec un passeport des États-Unis, ce qui complique un peu la manière dont on se voit et comment on se définit.

Parutions.com : A l'écriture, êtes-vous plutôt clavier ou stylo ?

Emily St John Mandel : Les deux en fait. J'écris normalement sur mon ordinateur mais parfois, quand j'entends une conversation intéressante dans un café par exemple, je prends des notes sur mon carnet afin de pouvoir utiliser cela dans un livre.

Parutions.com : Vous avez fait beaucoup de recherches sur le survivalisme pendant l'écriture du roman. Que pensez-vous de cette mouvance apocalyptique ?

Emily St John Mandel : Je crois que le gens ont tendance aujourd'hui à se focaliser sur l'avenir plutôt que sur l'instant présent. Une partie de la population est habitée d'une paranoïa poussant à s'armer, à se préparer au pire... voire même à l'attendre avec une sorte d'impatience perverse, afin que ces années de préparation n'aient pas été vaines. Personnellement, je ne pense pas que je survivrais longtemps si le pire survenait ! Comme tout bon new-yorkais, j'ai mes conserves, réserves d'eau et kit de premier secours dans un coin, chez moi, mais pas de quoi survivre à une vraie catastrophe. J'imagine que je devrais essayer de quitter New York si cela arrivait.

Parutions.com : Dans l'une des scènes du roman, Miranda se regarde dans un miroir et se dit qu'elle ne regrette rien. Arthur, lui, pense à tout ce qu'il a fait depuis son départ de chez lui jusqu'à Toronto et Los Angeles, et qu'il mourra en regrettant tout. Et vous, avez-vous des regrets ? Avez-vous une chose à accomplir à tout prix avant qu'il ne soit trop tard ?

Emily St John Mandel : Rien de très palpitant mais je crois que parler couramment le français est l'un de mes défis, oui. J'étudie la langue depuis trois ans, avec des hauts et des bas, à cause des pauses dues à mon activité et celle de mon professeur. Mais j'aimerais redoubler d'efforts pour mieux apprendre cette langue, oui.

Parutions.com : Dans le roman, un an après l'épidémie de grippe, les survivants dans le terminal d'aéroport, qui viennent des quatre coins du monde, ont commencé à apprendre les langues des autres, dans une cacophonie d'accents. Vous, si vous deviez choisir un accent, lequel préfèreriez-vous ?

Emily St John Mandel : Cela m'amuse toujours à quel point les gens commentent les accents des autres. Je me souviens d'une fois à Londres où un serveur dans un café m'a dit que j'avais un très joli accent canadien. Pour moi, c'est l'accent irlandais qui est le plus beau.

Parutions.com : Retournez-vous à vos premiers romans ?

Emily St John Mandel : Pas vraiment, non. Je peux en attraper un après un certain temps et le feuilleter comme cela mais je ne relirais jamais un roman en entier.

Parutions.com : Travaillez-vous actuellement sur un nouveau livre ?

Emily St John Mandel : Oui... mais c'est un secret. Je ne vous dirai rien.

Parutions.com : Merci.


Entretien mené en anglais par Yujia Liu, le 16 Juin 2016 (Traduction/Adaptation : Thomas Roman)
( Mis en ligne le 21/09/2016 )
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