L'actualité du livre Jeudi 25 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Beaux arts / Beaux livres  ->  
Peinture & Sculpture
Arts graphiques
Architecture & Design
Photographie
Histoire de l'art
Manuels & guides
Beaux livres & Catalogues

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Beaux arts / Beaux livres  
 

Une belle œuvre de mémoire rurale
Christophe Lefébure   Les Outils et travaux de la ferme
Flammarion - La Maison Rustique 2006 /  30 € - 196.5 ffr. / 159 pages
ISBN : 2-08-240262-2
FORMAT : 22,0cm x 25,0cm

Préface d'Alain Baraton.

L’auteur du compte rendu : Rémi Luglia, professeur agrégé d’Histoire et interrogateur en deuxième année dans une classe préparatoire commerciale, est doctorant à Sciences-Po Paris où il mène une recherche sur l’histoire de la protection de la nature en France de 1854 à nos jours à travers le mouvement associatif.

Imprimer

Depuis la naissance de l’agriculture il y a 10 000 ans, la vie de paysan est celle d’un extrême labeur quotidien. Lente et rythmée par les saisons mais surtout par les travaux qui se succèdent sans cesse au fil du temps, elle déroule savoirs et pratiques d’un bout à l’autre de l’année. Dures réalités vécues mais aussi attachement profond à la terre, aux haies, aux bois, à l’outil qui permet de créer, de façonner.

L’oubli n’a pas tardé à recouvrir d’un épais manteau de mécanisation et de technologie ces réalités désormais incongrues dans leur archaïsme. Le paysan est devenu agriculteur et donc en même temps agronome, mécanicien, biologiste, cariste… consommateur et téléspectateur. Beaucoup d’entre eux ont perdu le lien privilégié qu’ils entretenaient souvent avec leurs terres et même le simple contact physique des chaussures avec un sol non bétonné est parfois devenu rare. En effet, depuis le XIXe siècle en France et surtout depuis les années 1950, l’agriculture a connu des transformations majeures qui ont notamment fait passer la population agricole de 90 % de la population active à 5 % de nos jours.

C’est cette temporalité et ce labeur disparus que Christophe Lefébure fait revivre au fil des pages de son beau livre. Et cet ouvrage est doublement plaisant car il associe des textes agréables et puissamment évocateurs à de belles photographies d’objets et de lieux. On prend un réel plaisir à le lire, et apprécier toute la subtilité des ambiances. Ne cherchons pas à aller vite en le feuilletant simplement et en ne lisant que les légendes des images : on serait immanquablement déçu et frustré. Ce serait en outre se priver de ce qui en fait la saveur. Mais nul besoin de le lire d’une traite, prenons le temps. Ouvrons le premier chapitre et, dans un calme propice aux développements imaginaires, laissons l’auteur évoquer avec l’appui de belles œuvres littéraires le temps passé. Laissons nous prendre au rythme des travaux agricoles au fil des chapitres, des labours au pressoir en passant par les semailles, la fenaison et toutes les autres activités, diverses et indispensables.

Nulle nostalgie d’un passé idéalisé dans les propos de Christophe Lefébure. Il décrit de manière trop précise les douleurs d’emploi de certains outils pour en regretter la disparition dans le travail effectif de la terre. Il n’y a qu’à observer les courroies ou les manches de ces outils patinés par l’usage et le frottement des épaules ou des mains pour se rendre compte de la libération des corps amenée par la mécanisation. Il n’y a qu’à écouter les auteurs du XIXe siècle décrire en voyageurs contemplatifs ces multiples corps courbés qui parsèment les champs, les prés et les potagers le long des routes ; ces dos qui crient au bout d’une journée de bêchage ; ces mains qui saignent à manier le fléau de longues heures durant, sans varier de rythme. Qui peut vraiment regretter ces époques à part certains naïfs urbains soucieux de folklore rural ?

Foin de toute nostalgie, il s’agit ici avant tout de témoigner. Car il ne reste guère plus que les outils pour décrire ces efforts et ces époques. Cet ouvrage s’inscrit donc dans le vaste mouvement d’éclosion de musées d’art et de traditions populaires et rurales qui a cours depuis les années 1980. Il est important de conserver une telle mémoire du quotidien en prise avec une réalité contraignante. Cet ouvrage donne à percevoir ce monde-là d’une très belle manière.


Rémi Luglia
( Mis en ligne le 26/01/2007 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd