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| Beaux arts / Beaux livres -> Architecture & Design |
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Une sensualité caractéristique | | | Le Corbusier Le Poème de l'angle droit
Hatje Cantz 2012 / 49 € - 320.95 ffr. / 176 pages
ISBN : 978-3-7757-3470-7
FORMAT : 17,0 cm × 23,0 cm
L'auteur du compte rendu : Alexandra Person est diplômée en histoire de l'art (Master I,II Université Paris-IV la Sorbonne). Elle a plus particulièrement étudié l'art officiel et la propagande sous la colonisation française. Elle participe actuellement à la gestion d'une collection privée d'art moderne et contemporain.
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La réédition du Poème de l'angle droit, fac-similé réalisé par le Corbusier (1887-1965) en 1955, replace la production de livres au centre de son activité. Pour ce peintre, sculpteur, architecte et urbaniste, le livre incarne tout au long de sa vie un espace idéal où relier le langage protéiforme de son uvre sur un même plan (Aircraft, 1923 ; Le Poème électronique, 1958 ; L'Atelier de la recherche patiente, 1965). Il intervient dans chaque étape de la réalisation de ses livres considérés comme de véritables objets-manifestes et destinés à être diffusés. Matérialisant avec Le Poème de l'angle droit la synthèse des arts qu'il appelle de ses vux - fruit de cette perpétuelle quête d'unité entre formes, couleurs et rhétorique architecturale -, le projet est «conçu de manière à ce que les 19 lithographies superposées sur 7 lignes composent un mur d'images».
Emblématique du tournant pris par son architecture dans les années cinquante, ce poème illustré porte l'empreinte de la sensualité caractéristique des constructions de Le Corbusier à l'époque (Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, 1951-1955 ; La haute cour du Parlement de Chandigarh, 1951-1957). En parfaite résonance avec le Modulor (1947) - système de mesures harmoniques fondées sur les dimensions du corps humain - l'amour, la chair, le désir peuplent l'iconographie et la prose Corbuséennes de nouveaux poncifs hédonistes. À la condition machiniste de la société, Le Corbusier privilégie un retour à lunion de l'Homme et de la nature, fondée sur des facteurs cosmiques immuables : «La nuit le jour les deux temps qui règlent notre destinée». En lien étroit avec l'uvre d'Amédée Ozenfant (1886-1966) et de Fernand Léger (1881-1955), il stylise les contours de l'homme et de la femme en parfaite symbiose avec les ondulations de la mer et les trajectoires du soleil, tandis que la verticalité de l'Homme formant un angle droit avec «le plateau terrestre» devient l'allégorie récurrente de l'architecture, réduite à sa plus simple orthogonalité. Par ce savant jeu de lignes droites et de courbes mêlées aux mots, Le Corbusier atteint la cohérence dun Ordre indivisible entre l'Homme, la nature et l'architecture.
Moins avant-gardiste que Aircraft, legs des années vingt, le Poème de langle droit, par la typologie et la mise en page, conserve tout de même une certaine modernité. Succédant à Matisse (1869-1954) et Picasso (1881-1973) dans la collection d'origine, Le Corbusier a en effet apporté un soin particulier à la dimension esthétique de cet objet : la répartition aléatoire des aplats de couleurs, des effets de papiers découpés et de l'écriture feignant l'improvisation, contribuant au véritable lyrisme de ce livre dart.
Alexandra Person
( Mis en ligne le 07/11/2012 )
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